Joseph Kabila a beau être sous pression, il reste maître de la situation en République Démocratique du Congo. « Il a le contrôle de l’agenda [politique] », a admis vendredi, l’avocat de l’opposant Moïse Katumbi, Me Éric Dupond-Moretti, lors d’une conférence de presse, à Genève, qui suivait la plainte déposée par ce dernier, au comité des Droits de l’Homme de l’ONU, contre le chef de l’État.
LIRE AUSSI
Joseph Kabila Maître du temp : Hier la Cour, aujourd’hui le dialogue, demain l’armée ?
Une requête aux Nations unies contre le Président congolais. Qui vient amplifier la pluie de pression qui s’abat déjà sur le pouvoir de Kinshasa : en l’espace d’une semaine, 10 proches du chef de l’État ont été sanctionnés à la fois par l’Union européenne et par les États-Unis. Des personnalités politiques et militaires dont certains, du premier cercle stratégique – comme le chef des services des Renseignements Kalev Mutond, le chef de la Maison militaire du chef de l’État, le général François Olenga ou encore le flambant porte-parole du Gouvernement Lambert Mende – qui ont vu leurs avoirs gelés et eux mêmes, interdits de séjours dans l’espace de l’Union européenne.
Touché, mais debout
Ces mesures n’ont pas encore commencé un début d’effet sur le régime et les personnalités sanctionnées que l’Organisation américaine de défense des Droits de l’Homme Human Rights Watch appelle déjà à des nouvelles sanctions de l’ONU, et les dirigeants africains « à faire pression sur le Président Kabila », a plaidé Ida Sawyer, Directrice Afrique Centrale de l’ONG. Trahissant, de ce fait, une certaine crainte de voir le double coup d’épée de Bruxelles et de Washington frapper dans l’eau. Faire flop.
En effet, dans la même semaine au cours de laquelle les sanctions sont tombées, la machine Kabila a, elle aussi, continué a` tourner à plein régime. Le Jeudi 29 Mai 2017, pendant que l’Union européenne annonçait le gel des avoirs d’Évariste Boshab et compagnie, deux jours plus tard, le Premier ministre Bruno Tshibala (issu de la dissidence de l’opposition) présentait un projet de Budget pour l’exercice 2017 n’offrant, selon plusieurs députés de l’opposition, aucune garantie pour l’organisation des élections dans les délais prévus par l’accord de la Saint Sylvestre.
LIRE AUSSI
Accord de la Saint Sylvestre : Comment, à l’école de Gramsci, Joseph Kabila a gagné du temps
C’est, aussi, en ce même moment, que, tel, dans un jeu des rôles, le président de la Commission électorale nationale indépendante Corneille Nangaa est passé à la télévision. Tandis que Joseph Kabila prenait, lui, la direction de l’espace Kasaï. Le premier pour évoquer les préalables législatifs et la mise place du CNSA comme conditions avant la tenue de tout scrutin, et le second pour aller envoyer le message que Kamwina Nsapu appartenait désormais à l’histoire. Gouvernement, CENI et l’armée, incarnée par le chef de l’État. 3 leviers sur lesquels Joseph Kabila trouve encore un important appui dans ce contexte de défiance occidental . Et qui permettent au Pouvoir de maintenir l’équilibre en pleine tempête.
L’Angola temporise
Même l’Angola, dont les bruits de botte ont fait beaucoup parlé ces derniers jours de l’autre côté de la frontière semble avoir décidé de mette plutôt un peu d’eau dans son vin. Allant, par la bouche de son ministre des Affaires étrangères, jusqu’à dénoncer des sanctions « hâtives » prises par une Union européenne qui « n’a pas la maitrise de la réalité du terrain », selon Georges Chikoti.
« La maitrise du terrain ». Certains y verront un langage diplomatique visant à ne pas froisser un Gouvernement ami. Mais cette réalité est sans doute, celle qui a poussé le puissant voisin – hier, furieux face à l’afflux interminable des réfugiés que lui déverse le conflit au Kasaï semaine après semaine – à tempérer sa position. Certes, dans le cadre du Groupe de Suivi de l’Accord cadre d’Addis Abbeba qui a consulté la classe politique pendant 3 jours à Kinshasa, mais Loanda a été au premier rang pour tenter de trouver une issue négociée à la crise congolaise.
LIRE AUSSI
L’Angola renforce sa coopération avec les États-unis et s’engage pour la paix en RDC
Autrement dit, la réalité du terrain évoquée par Chikoti semble correspondre à celle d’un Joseph Kabila qui garde toujours sa mainmise sur l’appareil de ‘État, qui fonctionne par-ci, à son rythme, et par-là, qui continue à tenir éloigné du pays le principal opposant Moïse Katumbi, face à une opposition elle même émiettée et sans véritable leadership. Bref, les sanctions, et alors ?
Risque qu’autour du President congolais beaucoup le savent. Avec le temps, la terrible question finira toujours par se poser : combien de temps tout cela va durer ?
Exactement que Kabila sache que tout Le monde Le regarde avec beaucoup de precaution…UN HOMME SEUL DEVANT TOUTE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE…