Par CAS-INFO
Conférence nationale souveraine, Gaborone, Sun City, Matadi, Palais de marbre…C’est un classique en RDC. L’histoire tumultueuse du plus grand pays de l’Afrique centrale est jalonnée des négociations de sortie crise. La fin agitée du mandat de Joseph Kabila ne fait pas exception.
Alors qu’en un an le pays a connu deux dialogues censés le remettre sur les rails – celui de la Cité de l’UA, qui se solde en novembre 2016 par la nomination de l’ex UDPS Samy Badibanga au poste de premier ministre, mais avec un agenda électoral contesté. De quoi remettre dans le jeu politique les évêques de la Cenco et le Rassemblement pour aboutir le 31 décembre 2016 à un « accord inclusif », dit de la Saint Sylvestre – le gouvernement de Joseph Kabila en demanderait encore…un troisième. Objectif, « permettre au pays de trouver le moyen d’aller aux élections de manière la plus apaisée possible », explique un cadre de la MP. Une perspective cependant non confirmée des instances officielles du parti au pouvoir.
« Joseph Kabila n’a jamais respecté aucun engagement »
Il en faudra malgré tout beaucoup plus pour convaincre le Rassemblement. Principale coalition de l’opposition, la plateforme dirigée alors par Étienne Tshisekedi, peu avant sa mort, avait séché le « monologue du camp Tshitshi » [Expression utilisée pour exprimer le boycott du dialogue supervisé par Edem Kodjo, Ndlr], avait dû revenir à la table des négociations dans l’espoir d’arracher les élections avant la fin 2017.Mais « Joseph Kabila [ayant] délibérément bloqué le processus électoral et sabordé l’Accord de la Saint Sylvestre », assène, aujourd’hui, le fils du Sphinx de Limete, Félix Tshisekedi, qui a pris les commandes de la plus grande force de l’opposition, « le processus prévu par l’Accord doit, pour aboutir, se poursuivre sans Joseph Kabila », a-t-il tranché jeudi dans un communiqué.
Clarification de @fatshi13 et @rassopp sur un 3eme dialogue : Ni demandeur ni preneur ! Cela se dit aussi en 3 mots : « Kabila doit partir » ! https://t.co/q5wOiCUqch
— Olivier Kamitatu (@OlivierKamitatu) 14 septembre 2017
« Usage perfide du dialogue »
Principal candidat, parmi les prétendants à la présidence de la république à s’être déjà déclarés, Moïse Katumbi rejette lui, aussi, l’idée d’un 3e round des pourparlers. « Il y a déjà eu deux dialogues et Joseph Kabila n’a jamais respecté aucun des engagements qui y ont été pris », a expliqué l’ex gouverneur du Katanga, jeudi, dans les colonnes de la Libre Belgique.
Ève Bazaïba, Vital Kamerhe…Pas grand monde ne se bouscule à la porte d’un éventuel 3e dialogue qui bénéficierait pourtant de la faveur de la France comme le fait savoir la presse ces dernières heures. Pour l’académicien Sam Bokolombe, dialoguer ne pas une mauvaise chose. C’est qui l’est, c’est « l’usage perfide que la kabilie en fait pour prolonger indûment son règne », fait remarquer, sur Facebook, ce professeur du droit à l’Université de Kinshasa.