Lucha, 31 juillet

C’était une journée test. Le début d’une mobilisation « qui va durer jusqu’à l’alternance », comme le martèle Fred Bauma, l’un des leaders de la Lucha. Le Mouvement citoyen avait appelé ce lundi 31 juillet à des manifestations pacifiques pour exiger la publication du calendrier électoral par la Ceni, en vue d’élections avant la fin de l’année. Elle a trouvé la police sur son chemin.

Ce que tous redoutaient est arrivé. Alors que la Lucha entendait faire « plier le Gouvernement », les forces de l’ordre s’étaient elles aussi préparées à faire barrage aux contestataires. Dès l’aube, avant même le chant du coq, la place du Boulevard triomphal à Kinshasa, prévue pour le rassemblement, avant de rallier le siège de la Ceni, était déjà noire de policiers, armés jusqu’aux dents. Interpellant tous ceux qui osaient pointer leur nez dans le parage.

Même scenario à Goma au Nord Kivu où la Lucha déplore 59 arrestations, 7  à Mbandaka dans la province de l’équateur et 11 à Butembo dont une militante du Mouvement pro démocratie verbalisée pendant quelques heures avant d’être relâchée. Des arrestations et relaxations, y compris celles de 7 journalistes, confirmées par la police en fin de journée. Plus agité à Bukavu, 5 manifestants blessés par balle.

La rue parle de nouveau

Mais s’il y avait moins de monde dans la rue, la journée a tout de même été rythmée par le jeu du chien et chant dans les rues des grandes villes du pays. Un air du déjà vu, qui a le mérite de rappeler à ceux qui l’auraient déjà oublié que la RDC n’est pas encore sortie de l’ornière. Le déploiement massif des forces de l’ordre est aussi une manière pour le Pouvoir de Joseph Kabila de prendre au sérieux la rue qui gronde de nouveau à 5 mois de la fin de l’échéance de la transition fixée par l’accord de la Saint Sylvestre.

Et ce n’est pas fini. Dès la semaine prochaine, c’est l’opposition politique qui prend le relais. Elle décrète les 8 et 9 Août prochains une double journée ville morte. Objectif, le même : tenter de faire plier le Pouvoir et la Ceni afin d’obtenir un calendrier électoral et les dates des prochaines élections.

Pour l’instant, Joseph Kabila et Corneille Nangaa restent droit dans leurs bottes. Pas de calendrier, malgré la mise en place d’un CNSA contesté. Mais, la force contre quiconque fout son nez dans la rue pour contester.

Les leaders du Rassemblement qui avaient apporté leur soutien à ces marches pacifiques de Lucha sont prévenus : Il en faut plus pour renverser les rapports de force.