Par CAS-INFO
La vie politique en Republique Démocratique du Congo n’est pas ce genre de match à finir. Après une intense offensive diplomatique couronnée par un discours tout aussi offensif du président Kabila le 23 septembre 2017 aux Nations unies, tous les voyants sont vite remontés au vert pour la présidence congolaise. La visite de la très redoutée ambassadrice américaine Nikki Haley s’étant transformée quasiment en un soutien aux autorités congolaises. Tandis que le reste de la communauté internationale se rangeait comme un seul l’homme derrière le calendrier électoral de la CENI décrié par l’Opposition.
De quoi assommer les adversaires de Joseph Kabila, qui avaient tellement misé sur les partenaires internationaux. Ces derniers, ne voulant vraisemblablement pas jouer à se faire peur dans une région sensible, où la RDC passe pour être la porte potentielle d’un nouvel enfer après le génocide au Rwanda en 1994, en cas de mauvaise gestion de la crise [Joseph Kabila l’a-t-il d’ailleurs bien compris à New York en se posant en garent de la sécurité], semblent, à l’image des États-Unis, résolus à concentrer leurs efforts sur le processus électoral..avec Joseph Kabila aux commandes.
Mais, ça, c’était en Octobre. victorieux sur la scène diplomatique, aujourd’hui, le chef de l’État doit de nouveau faire face à la rue. Comme l’an passé. À la même période. Malgré les pertes et nombreuses défections subies, le Rassemblement, principale coalition de l’opposition, s’est refait la santé ces dernières semaines, assurent les cadres de la plateforme. Et est reparti à la mobilisation, à coup des marches, villes mortes et sifflets, pour le Mouvement citoyen les Congolais Debout, proche de la formation dirigée par Félix Tshisekedi.
Si la répression des forces de sécurité a réussi jusque-là, à contenir la contestation (les marches du 30 novembre et du 19 décembre s’étant soldées par un échec), un nouvel acteur vient d’entrer en scène et il risque d’inquiéter le Pouvoir de Kinshasa. Après avoir longtemps brandi la menace de « son » plan B, l’église catholique – qui ne digère toujours pas la tournure qu’a prise l’application de l’accord de la Saint Sylvestre obtenu par les parties le 31 décembre 2016 sous sa supervision – se positionne clairement dans un mouvement de contestation contre le président de la république. À l’invitation du collège des Curés de Kinshasa et du comité des laïcs, deux structures influentes de la plus grande église du pays, une opération son de cloches raisonne dans la capitale tous les jeudis soir, visant, selon les prêtres, à réclamer la mise en œuvre du compromis politique du centre interdiocésain.
Du vacarme, l’église catholique appelle désormais à une marche pacifique le 31 décembre 2017. Une date qui n’est pas choisie au hasard car rappelant la fin de la période de transition décidée dans l’accord de la Cenco. Alors que des chrétiens dans la rue en rappellent d’autres. Dans un blocage politique similaire en 1992, dans les dernières heures de Mobutu. Si les échecs répétés de l’opposition à mobiliser commençaient à donner l’impression que Joseph Kabila avait plié le match, à la MP, certains prennent très au sérieux la menace catholique. « On ne va pas faire comme si l’histoire n’existait pas dans ce pays », confie, préoccupé, un élu MP.