Sud-Kivu, vols

Par Badibanga Poivre D’Arvor

La société civile du Sud-Kivu est inquiète et le fait savoir. Et pour cause, le banditisme armé grandissant dans la province qui commence à prendre des proportions inquiétantes, a déclaré vendredi David Cikuru, responsable de l’organisation dans la commune d’Ibanda, à Bukavu.

Selon lui, plus de 30 maisons visitées par des bandits armés dans plusieurs quartiers ont été recensées au cours de derniers jours

« Ils ont emporté de l’argent et autres biens de valeur dans leur opération qui dure plus de deux heures sans l’intervention des éléments de police n’interviennent ».

La société civile dénonce le « désintéressement » de la police qui, en cas d’agression armée dans des maisons à quelques mètres d’un sous-commissariat, ne fait rien, s’insurge M. Cikuru.
Dans la commune de Kadutu, même cri d’alarme. Les promesses du maire de la ville à restaurer la sécurité dans la ville sont mises à rude épreuve.

Les cadres de base, à savoir les chefs de quartiers et d’avenues, rassurent les habitants que des mesures draconiennes seront prises pour rétablir cette paix aujourd’hui troublée par des hommes sans foi ni loi. A Bukavu aussi bien que dans les territoires, la situation va de mal en pis à une vitesse supérieure.

Le capitaine Dieudonné Kasereka, porte-parole du secteur opérationnel Sukola2 accrédite cette thèse par le bilan d’un bouclage organisé, il y a une semaine, dans cette partie de la province.

« 50 armes dont AK47, 58 munitions de guerre, des machettes, trois boucliers de la police et autres effets militaires ont été trouvés dans des maisons des civils lors du bouclage mixte FARDC-PNC », assure-t-il.

Ce n’est que le résultat d’un bouclage effectué dans deux quartiers, dont Kasenga et Kakombe, renchérit Ursule Balolebwami du mouvement citoyen ‘’Les déboulonneurs’’ qui invite les autorités compétentes à élargir l’opération sur toute l’étendue du territoire d’Uvira et dans d’autres entités y compris la ville de Bukavu.

« Il est difficile de combattre l’insécurité pendant que des malfrats sont cachés dans nos propres maisons. C’est de la responsabilité du pouvoir public de dénicher ces malfrats qui se servent d’armes à feu pour troubler notre quiétude. D’ailleurs, ces jeunes qui détiennent illégalement ces armes seraient en train de collaborer avec des groupes armés, et finalement, cette insécurité devient cyclique », déplore M. Balolebwami.

Des assassinats ciblés et attaques armées dans des maisons sont loin d’être un fait étrange au Sud-Kivu. Depuis le règne de l’ancien gouverneur Claude Nyamugabo, l’insécurité était endémique malgré sa fameuse opération ‘’Tujikinge’’, protégeons-nous, rappelle un acteur de la société civile intéressé par la question de gouvernance sécuritaire.

Le bilan du banditisme au Sud-Kivu est inquiétant. En 2018, une des organisations de la société civile, SAJECEK forces vives, a dénombré 354 cas des personnes tuées, 881 cas des maisons cambriolées, 232 cas d’enlèvements et 36 cas de justice populaire.