Par Siméon Isako

Une lettre du 02 septembre 2019 signée par le feu Général Major Delphin Kahimbi, sous chef d’état-major en charge des Renseignements, avait prévenu les autorités congolaises qu’il ne serait pas de bon augure d’accepter la nomination de Vincent Karega comme ambassadeur du Rwanda en RDC.

« Bien plus, son accréditation dans notre pays, après avoir été chassé par l’Afrique du Sud en 2014, serait perçue par Pretoria comme un acte inamical vis-à-vis d’un État avec lequel la RDC entretient des bonnes relations dans le cadre de la SADC« , avait écrit Kahimbi dans cette correspondance.

Selon cette lettre Karega qui opérait en réseaux avec Didier Lutembisa, Directeur général du Service d’Immigration du Rwanda et Claude Nkobisanswe, ambassadeur rwandais au Mozambique, était impliqué dans plusieurs dossiers d’assassinat des opposants réfugiés à l’extérieur, dont l’ancien chef des renseignements rwandais, Karegeya.

Lundi 15 février 2021, l’ambassadeur Rwanda en poste en RDC a tenu à faire la lumière sur ce sujet.
Se confiant à CAS-INFO, Karega a balayé du revers de la main le contenu de ladite correspondance qu’aurait envoyée aux autorités congolaises le feu Général Major Delphin Kahimbi, sous chef d’état-major en charge des Renseignements.
Selon Vincent Karega, sa présence en RDC depuis maintenant plusieurs mois signifie que les résultats des enquêtes faites par Delphin Kahimbi n’étaient qu’une simple « calomnie »

« Le fait que j’ai été accrédité malgré la lettre du général, je me dis que les services ont vérifié ces informations et se sont rassurées qu’elles sont fausses« , lâche le représentant du Rwanda en RDC.

Vincent Karega soutient que les allégations selon lesquelles il a été chassé de l’Afrique du Sud sont aussi fausses.

« Moi personnellement, je ne connais pas un moment de ma vie ou de ma carrière en Afrique du Sud où j’ai été chassé ou réprimandé pour quoi que ce soit. J’ai fais ma carrière très longue par rapport aux habitudes diplomatiques de 2011 en 2019 en Afrique du sud et la lettre dit que j’étais chassé en 2014, j’aimerai voir un acte ou communiqué officiel du gouvernement qui chasse et les raisons de mon expulsion« , a-t-il soutenu.

Pour lui, le fait que la correspondance du général Kahimbi contienne une confusion sur son cursus académique, prouve le manque de vérité de la part de l’enquêteur.

« La deuxième raison de la lettre dont je ne sais pas si elle est originale parce que le concerné est décédé, est que j’ai fait la faculté des sciences économiques à Lubumbashi alors que moi j’ai fait les sciences politiques à Lubumbashi« , a-t-il précisé.
Et d’ajouter, « La lettre semble insinuer que je suis un homme dangereux, c’est aberrant , je n’ai aucune formation militaire ni de renseignement et puis dans le monde entier un ambassadeur est généralement sous l’écran du pays hôte, il ne peut pas être en costume le jour et la nuit une tenue de combat dans des opérations meurtrières ou clandestines, ce n’est pas un job, une besogne qui s’exécute par un chef de mission. C’est de la pire calomnie ou désinformation sans fondement , sans analyse approfondie. Je suis diplomate et bien avant j’ai été dans des postes administratifs et techniques, suis pas un commando, un homme de terreur, dangereux, comme on le décrit ici, par le général et présenté aux autorités congolaises », a indiqué l’ambassadeur Rwandais.

« Je ne vois pas pourquoi la relation du Rwanda avec ses opposants ou les terroristes anti-Rwanda precoupent les congolais, ils devraient par contre être préoccupés par les relations Rdc-Rwanda, le développement, les échanges entre les nations et ne pas s’ingérer dans les affaires internes de gouvernance de la RDC ou Rwanda. La relation entre nous et nos détracteurs ne devraient pas être au centre de nos relations. Je n’ai jamais été interpellé par rapport à cette lettre de Kahimbi », a-t-il renchéri, avant de déclarer qu’ « En conclusion, je suis plutôt déterminé à paver des relations harmonieuses et bénéfiques de part et d’ autres de nos pays j’ y crois fermement. Historiquement et même avant l’ époque coloniale nos peuples se côtoyaient, se mariaent et commençaient déjà, la haine et la méfiance n’ont pas leur place mais plutôt un esprit de dialogue«