Par Patrick Munyomo

Pour le député national Patrick Munyomo, au lieu de créer une compagnie aérienne nationale, comme l’envisage le ministre des Transports, Chérubin Okende, via Air Congo en partenariat avec Ethiopian Air Lines, il faut plutôt redresser Congo Airways, une compagnie nationale d’aviation créée en 2014 mais qui connaît des difficultés surmontables.
« (…) malgré les difficultés que traverse la compagnie Congo Airways, je persiste en disant que le gouvernement congolais, à travers le ministère des Transports, voies de communication et désenclavement doit rapidement procéder à un diagnostic et proposer un plan de redressement de Congo Airways au lieu d’envisager la création d’une autre compagnie. La
création d’une nouvelle compagnie nationale qui va s’ajouter à Congo Airways est une mesure suicidaire qui va non seulement décourager les actionnaires actuels cités ci-haut mais aussi elle va précipiter la compagnie nationale en faillite avec comme conséquence d’amener plus de 1.000 agents en chômage », écrit-il au premier ministre dans une lettre.

Il revient, dans sa correspondance, sur les 11 irrégularités qui affectent le contrat entre la RDC et Ethiopian Air Lines. Il s’agit de :

  1. Tous les postes importants (notamment directeur général, directeur des opérations, directeur financier, directeur technique) sont confiés aux étrangers à l’exception de celui de président du conseil d’administration ;
  2. Tous les avions de Air Congo sont ceux loués par Ethiopian à la compagnie Emirates ;
  3. Cet accord donne beaucoup plus de bénéfices à Ethiopian Air Lines (ses apports seront rémunérés en amont) que le gouvernement congolais dont les apports ne sont pas rémunérés du fait que les résultats nets seront deticitares ;
  4. Le protocole d’accord prévoit également que la compagnie Ethiopian Air Lines puisse procéder au renforcement des capacités de l’Autorité de l’aviation civile congolaise ;
  5. Le contrat donne les attributs de la compagnie nationale à une compagnie étrangère Ethiopian Air Lines ;
  6. La création de la nouvelle compagnie nationale Air Congo est faite sans associer la ministre du Portefeuille de l’État et sans avoir obtenu l’aval de l’Assemblée nationale et du Sénat ;
  7. De la répartition du capital, la formule envisagée : celle de 51% pour l’État congolais et 49% pour la compagnie Ethiopian Air Lines. Cette dernière aurait la gestion des opérations avec des revenus garantis immédiatement sur la location des avions mis a la disposition de Air Congo, les prestations de services et un partage des bénéfices avec Air Congo sur la durée, issus de l’exploitation ;
  8. Les avions de Air Congo seront immatriculés en Éthiopie et donc contrôlés par l’Autorité de l’aviation civile éthiopienne, ce qui implique un manque à gagner pour l’Autorité de l’aviation civile congolaise ;
  9. Air Congo va créer des emplois pour les éthiopiens au détriment des techniciens congolais, car qui dit avions immatriculés en Éthiopie dit personnel technique éthiopien. Les pilotes, les hôtesses, les mécaniciens et techniciens seront tous éthiopiens. Pour obtenir une validation éthiopienne, il faudra passer par l’Aviation civile éthiopienne qui délivre très rarement des équivalences ou validations et cherchera à protéger les emplois des éthiopiens en RD Congo ;
  10. Par l’augmentation successive du capital lorsque la partie congolaise fera défaut car les factures seront excessives, Ethiopian va ravir la majorité des parts et deviendra propriétaire d’une compagnie qui a été entièrement financée par les contribuables congolais et ;
  11. Ethiopian détient la réputation de compagnie prédatrice, car elle a appliqué ce modèle au Mozambique, au Tchad, au Malawi, en Guinée Équatoriale, tous couronnés par des échecs, des procès, des saisies et des incidents diplomatiques.