Par Honorine Matondo, Professeur des universités et analystes politique

Après avoir souffert dans la réalisation de son programme, la République Démocratique du Congo va enfin souffler avec les financements du Fonds monétaire international et autres, un gros point marqué, à l’actif du bilan Tshisekedi.

Deux ans et demi après son avènement à la magistrature suprême, le chef de l’Etat Félix Tshisekedi ne savait décidément pas où donner de la tête pour mettre en œuvre son programme d’action. Nombre de partenaires vers lesquels il s’était tourné en vue d’obtenir des financements se perdaient dans des arguties juridico-politiques qui ne pouvaient que lasser.

A présent, il pourra se lancer dans des travaux d’intérêt public qui ne pouvaient être exécutés à cause du manque de financements. Le chemin est tout ouvert maintenant à d’autres financements aussi plus importants, car il s’agira de faire affaire avec désormais un partenaire (RDC) crédible.

En effet, après deux ans de négociations, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international-FMI a validé le programme établi de commun accord avec les autorités congolaises. La conclusion de cet accord est le résultat de la diplomatie agressive déployée par le chef de l’Etat au niveau international, principalement vers les institutions financières internationales.

Catalyseur d’autres investissements

Ainsi, sur trois ans, la République démocratique du Congo va bénéficier du montant de 1,5 milliard de dollars par tranches, en échange de réformes et de respect de certains critères de gestion. Gabriel Leost, le représentant du FMI à Kinshasa, a indiqué lors d’une interview avec la presse internationale que la validation de ce programme avec le FMI va changer essentiellement deux choses: la première chose, c’est que c’est un soutien appuyé au programme à moyen terme du gouvernement congolais qui vise à augmenter la croissance et à réduire la pauvreté dans le pays, mais aussi par l’aspect un petit peu rassurant que donne le fait d’avoir un programme avec le Fonds monétaire. L’objectif, a-t-il indiqué, est de catalyser d’autres financements, que ce soit d’autres partenaires au développement du pays, mais cela pourrait aussi attirer des investissements privés.

Grâce à ce programme, le FMI va décaisser sans plus tarder de quelle que manière que ce soit, la somme d’un milliard et demi de dollars sur trois ans. Le premier décaissement est immédiat suivant la décision positive du conseil d’administration du FMI. Soit, une première tranche de l’ordre de 217 millions dollars Le reste se fera de manière successive en lien avec « les revues du programme ».

Pour clarifier les choses, le représentant du FMI à Kinshasa a fait savoir que le programme et ses avancées seront revus périodiquement sur une base semestrielle et en fonction du résultat de cette revue, qui nécessite aussi à chaque fois un passage au conseil d’administration du FMI, si la décision est positive, il y aura un décaissement associé.

Des critères de performance

Bien évidemment, le Conseil d’administration du FMI ne peut pas donner son accord pour la conclusion du Programme triennal, sans qu’il soit assorti de conditionnalités. Pour le cas présent, cet accord assorti de la Facilité élargie du crédit-FEC. C’est dire que les autres décaissements seront conditionnés au respect des critères de performance.

A cet effet, tous les six mois, les experts du FMI feront une revue pour voir si le pays respecte les conditions posées pour bénéficier de la facilité élargie. La conditionnalité porte sur des réformes à entreprendre pour redresser l’économie. Il s’agit notamment de l’adoption d’un budget de l’Etat réaliste, de la qualité des dépenses budgétaires, des réserves de change, du respect du cadre macroéconomique, de la transparence dans la passation des marchés publics, de la publication des contrats miniers, de l’amélioration du climat des affaires, et de la lutte contre la corruption.

Sur le plan Politique et diplomatique, l’on peut noter une victoire du régime de Kinshasa pour qui, cette étape réconforte l’action du Président de la République Félix Tshisekedi et pourra être alignée à l’actif de son bilan, lui qui a déjà annoncé publiquement son intention d’empiler de nouveau en 2023.

Il s’en voudrait si le FMI mentenait dans l’isolement la République Démocratique du Congo après tant d’engagement accru qu’il a imprimé à travers l’inspection générale des Finances contre les détourneurs des deniers publics.

Certes, les conséquences positives ne se sont pas encore fait ressentir dans le panier de la ménagère mais pour ceux d’adversaires politiques du Président Tshisekedi, qui en savent quelque chose, les répercutions de cet exploit du pouvoir actuel finiront par apporter sourire aux populations congolaises. C’est question de temps.

De côté, le Premier Ministre congolais Sama Lukonde a eu des mots justes pour le signifier sur son compte twitter. Le chef du Gouvernement s’est senti heureux de la nouvelle, il parle d’une belle avancée qui vont appuer les réformes pour l’amélioration des conditions de vie de populations:

« Très heureux d’annoncer que mon gouvernement a obtenu l’approbation du programme du FMI octroyant une facilité élargie de crédit à hauteur $1,5 Milliards. Belle avancée pour appuyer nos réformes. Continuer à améliorer les conditions de vie de nos populations reste notre priorité. » fin de citation.

Par Honorine Matondo, Professeur des universités et analystes politique