Sindika, RDC

En politique il y a les gestes et les mots. Et les deux comptent énormément. Homme d’affaires, intellectuel, avec une maitrise de l’art oratoire qui ne se dément pas, Sindika Dokolo a-t-il bien compris cette leçon ?

Pour l’instant, le gendre d’Eduardo Dos Santos dément tout projet politique en RDC. « On me prête les ambitions politiques, je ne suis qu’un citoyen énervé par les promesses non tenues », avait-il récemment coupé court, en réponse à un article d’un site d’informations qui s’interrogeait sur ce qui commence à devenir le « phénomène » Sindika.

Mais il y a les ambitions politiques prêtées et les démentis. Il y a aussi les faits et les discours. Et le dernier duo est sans pitié lorsqu’il se déploie sur le terrain politique. C’est ce qui arrive ces dernières 48 heures où le fils d’Augustin Dokolo (autre figure du business sous le régime Mobutu) montre encore un peu plus ses muscles.

L’acte I, c’était lundi où il a tenté d’attirer le pouvoir en place à Kinshasa sur l’un de ses points faibles : le secteur agricole. Alors que le projet Matata Ponyo de Bukanga Lonzo a fait flop, Sindika Dokolo a, lui, bombé les torses sur sa page Facebook en présentant ses fermes développés au nord de l’Angola et qui récoltent selon lui un franc succès : 10 Millions de dollars investis pour un chiffre d’affaires de 15 Millions USD, à coup des dizaines de milliers des citrouilles, aubergines, salades et épinards, produits chaque mois, avec à la clé, 500 emplois créés (Ce sont les chiffres fournis par lui-même). Non sans émettre un souhait de « rentrer un jour au Congo reprendre et développer la vision que [son] père avait pour ce magnifique pays ».

L’acte II de l’offensive Sindika n’est pas venu au hasard. Mais au même moment où le chef de l’État entamait sa tournée dans la région troublée du Kasaï. La violence au centre du pays a poussé à l’exil des milliers de Congolais. C’est à ces réfugiés, là, que le « Citoyen énervé » est allé porter secours, mardi, « choqué », a-t-il fait savoir, en ajoutant ne plus supporter de voir l’avilissement de « nos populations » et le jeu « morbide des politiciens de Kinshasa.

S’il n’a pas encore franchi le pas. Parce qu’impossible, « tant que les gens qui ont tout pris à [son] père sont au pouvoir », Sindika Dokolo est clairement un opposant dont le régime se serait bien passé en cette période de disette politique côté MP.

Avec sa quarantaine des milliers de Followers sur Facebook et quelques 5900 abonnés sur Twitter, en augmentation, l’homme d’affaires se constitue une véritable « arme de guerre » qui lui permet tous les jours, au moins, de critiquer l’action gouvernementale à Kinshasa

Face à une opposition qui se recherche, et dont le leadership laissé dans la rue par le « patriarche » Étienne Tshisekedi n’a pas encore véritablement trouvé preneur, rien ne dit que la nouvelle coqueluche de la politique congolaise ne peut pas, aujourd’hui ou demain, tenter sa chance.

Les proches de l’ex gouverneur du Katanga Moïse Katumbi, jusque là le seul favori des sondages de la présidentielle, ont-ils, peut être senti le coup. Ils multiplient, en tout cas, à l’image d’Olivier Kamitatu, les amabilités envers ce nouveau bienfaiteur « dont la générosité du cœur n’attend rien au retour », a malicieusement lancé l’ancien président de l’assemblée nationale.
Tout comme le candidat du G7 lui même qui s’est fendu d’un tweet de félicitations.

Laissons le lecteur apprécier.

Mais pour celui qui n’attend rien en retour et qui ne se voit même pas se pointer au Congo aujourd’hui, la mise en garde du jour peut susciter quelques interrogations. « Étant congolais et ayant grandi au Congo… », a-t-il écrit. La précision ne vaut pas seulement un geste de solidarité.



One thought on “RDC : Sindika Dokolo avance (dé) masqué”

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