RDC, Quipropuo

En République Démocratique du Congo, les protagonistes de la crise ont engagé une folle course à la montre. Objectif, pour le pourvoir qui vient de nommer un Premier ministre contesté, former rapidement le gouvernement Bruno Tshibala, remettre le pays sur les rails et faire acter un fait accompli à l’opinion tant nationale qu’internationale. Du côté de l’opposition, empêcher à tout prix un projet jugé susceptible de maintenir Joseph Kabila au pouvoir ad vitae aeternam.

Pour y arriver, les deux camps déploient les moyens à leurs dispositions pour faire plier l’autre. Marches et villes mortes pour le Rassemblement. Impressionnant dispositif policier pour le gouvernement.

Bataille diplomatique

Alors que la situation s’enlise, les deux parties rivalisent désormais sur le terrain diplomatique. Avantage à l’opposition qui a enregistré pour l’instant les déclarations des instances les plus importantes en sa faveur : l’Union européenne, l’Union Africaine, la France et la Belgique qui se sont montrées peu favorables à la nomination de Bruno Tshibala. Sans oublier la tournée tenue secrète de Félix Tshisekedi en ce moment dans différentes capitales du monde. Mais, « face aux périls qui nous guettent, RDC compte ses amis », titrait vendredi en guise dereplique le journal pro gouvernemental KIN’S.

Sur le terrain, la posture du pouvoir ne dément pas ce cri de cœur. La semaine s’est ainsi achevée par une décision audacieuse mais symbolique de Kinshasa : la suspension de la coopération militaire avec la Belgique. Peu avant, le ministre des Affaires étrangères Léonard She Okitundu avait envoyé une carte postale en provenance du Palais présidentiel de Libreville avec à la clé un soutien appuyé d’Ali Bongo qui vient lui-même de remporter une présidentielle fortement contestée.

Pour tout couronner, Joseph Kabila a reçu samedi un autre soutien de taille. Celui du patron de la Monusco Maman Sidikou. Malgré la désapprobation du Rassemblement, ce dernier a estimé que la nomination de Bruno Tshibala était conforme à l’accord du 31 décembre 2016 provocant lire de la coalition de l’opposition.

La « Saint Sylvestre » prise en otage

Censé résoudre la crise née de l’absence des élections, l’accord de la Saint Sylvestre est devenu un terrain des jeux où s’affrontent les calculs politiques les plus machiavéliques que la classe politique a appris à imposer à ses concitoyens. On débauche les opposants pendant que ces derniers se déchirent infiniment.

Pis encore, on ne se demande plus quel est l’agenda pour les élections. Les candidats surtout dans la majorité ne se déclarent pas. Et la Ceni prend son temps pour publier le calendrier électoral

Bref, un véritable quiproquo. Une foire d’empoigne dans laquelle les Congolais ne se retrouvent plus.