Par Siméon Isako

Trois ans après l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi en République Démocratique du Congo, sa côte de popularité connaît une « chute vertigineuse », d’après les résultats d’un sondage réalisé en décembre dernier par le Groupe d’étude sur le Congo (GEC) et Ebuteli, son partenaire de recherche en RDC, avec le Bureau d’études, de recherche et de consulting international (Berci), seuls 29% des Congolais affirment avoir une bonne opinion du président de la République Félix Tshisekedi.
C’est le plus bas taux de popularité du chef de l’État congolais depuis son arrivée au pouvoir en 2019.

« L’an 3 de Tshisekedi. La fin de l’embellie ? » C’est le titre d’un rapport-sondage, réalisé en décembre par le Bureau d’études, de recherche et de consulting international (Berci), avec le Groupe d’étude sur le Congo (GEC) de l’université de New York, et Ebuteli, son partenaire de recherche en République Démocratique du Congo.

« Ce score est très en deçà des 54% enregistrés en mars 2021 et des 58% de février 2021 », peut-on lire dans le rapport de cette enquête publié le jeudi 24 mars 2022.

Voici l’intégralité du rapport

24 mars 2022 – L’état de grâce aura duré trois ans pour Félix Tshisekedi. Réalisé en décembre 2021, le nouveau sondage du Bureau d’études, de recherche et de consulting international (Berci), avec le Groupe d’étude sur le Congo (GEC) et Ebuteli, son partenaire de recherche en RDC, enregistre en effet le plus bas taux de popularité du chef de l’État congolais depuis son arrivée au pouvoir en 2019.

Moins de 30 % des Congolais interrogés affirment désormais avoir une bonne opinion du président de la République.
Publié le jeudi 24 mars par ces trois organisations, le rapport L’an 3 de Tshisekedi : la fin de l’embellie ? révèle la défiance populaire vis-à-vis des représentants politiques, gouvernants et opposants compris. La baisse de la cote de popularité du président Tshisekedi n’a en effet pas profité à ses potentiels concurrents à la prochaine présidentielle attendue fin 2023.
Cette déception se propage également envers presque toutes les institutions du
pays. Près d’un an après son investiture, le gouvernement de Jean-Michel Sama
Lukonde a perdu, de son côté, 20 % d’opinions favorables. Concernant
l’Assemblée nationale, « notre sondage démontre une tendance inquiétante sur la perception du contrôle de l’exécutif par le pouvoir législatif : plus de 65 % des sondés estiment que le contrôle du gouvernement par les députés nationaux n’est pas du tout efficace » ou « inexistant”. Cette tendance remet en question la capacité de la chambre basse à jouer pleinement son rôle de contrepoids du pouvoir exécutif », souligne Joshua Walker, directeur de programme du GEC. Même les confessions religieuses ont subi un léger refroidissement de leur soutien dans l’opinion publique. Les partenaires étrangers n’échappent pas non plus à cette tendance.
Cette déception pourrait se justifier par la lenteur des réformes. Seulement 45 % des Congolais interrogés en décembre 2021 estiment que l’état de siège instauré en
Ituri et dans le Nord-Kivu est une bonne chose, comparé avec 63 % trois mois avant. Par ailleurs, la lutte contre la corruption, autre leitmotiv du gouvernement, peine à convaincre de son efficacité même si Jules Alingete, inspecteur général des finances – chef de service, est toujours plus populaire que n’importe quel membre de l’exécutif. « Il est très visible depuis le mandat de Tshisekedi, avec plusieurs sorties
médiatiques. Mais beaucoup de Congolais considèrent tout de même que la situation de la gouvernance et de la lutte contre la corruption ne s’est pas améliorée. Les sanctions ont l’air d’être symboliques en lieu et place d’une démarche constante et poussée pour lutter contre la corruptiom,
analyse Fred Bauma, secrétaire exécutif d’Ebuteli.
Il s’observe une grande augmentation de l’indécision. Alors qu’en mars 2021, seuls 4 % des Congolais sondés disaient ne pas avoir une opinion sur le président Tshisekedi, ils sont désormais 28,4 % à être indécis sur la question. Cela pourrait s’expliquer, entre autres, par l’absence d’alternative politique visible. Le
nombre de potentiels abstentionnistes pour la présidentielle de 2023 reste aussi inquiétant : seuls 43,6 % des Congolais sondés disent avoir l’intention de voter.