Par CAS-INFO

Depuis deux ans, l’équipe du Festival Kongo River se bat pour attirer l’attention de l’opinion publique sur les dangers que courent le fleuve Congo et ses affluents en raison de la pression des activités humaines.
Si la pandémie covid-19 a contrarié la réalisation de ce projet dans un format grandiose, la persévérance des promoteurs de Kongo River conjuguée à l’appui institutionnel de Son Excellence Monsieur le Ministre du Tourisme et de Monsieur le Ministre provincial du Tourisme ont permis la tenue en date du 26 juin 2021 de la première édition du Festival Kongo River.

Au cours de sa Conférence scientifique, l’accent a été mis sur le caractère urgent de susciter un éveil de conscience citoyen sur les questions de la protection de l’environnement et du réseau hydrologique national du bassin du fleuve Congo.

Des pratiques urbaines malsaines de considérer les cours d’eau comme des déversoirs des déchets ménagers et industriels se multiplient. Cela a pour conséquences néfastes l’altération de la qualité d’eau et, à terme, l’assèchement des rivières.
Professeur Céline Situsilwami Docteur, spécialiste en technologie des eaux a signalé que le monitoring des rivières de Kinshasa qu’elle réalise depuis plusieurs années confirment que la plupart de rivières de Kinshasa sont en voie d’assèchement.

Au Kivu, l’agence de protection et de gestion durable des ressources naturelles (APGDRN) déplore également la dégradation continue de l’écosystème du Lac Kivu, des rivières Ruzizi et Kawa, qui sont devenus des déversoirs des déchets de la ville de Bukavu.

Ces pratiques urbaines détestables sont de plus en plus odieuses, avec les phénomènes MUNDUKI et les NYETERIES. Munduki consiste à ouvrir sa fosse septique quand il pleut pour évacuer ses matières fécales dans la nature, le second à créer des décharges sauvages de vidange des fosses septiques à proximité des rivières.

Comme si le tableau n’était pas déjà suffisamment alarmant, il a fallu que les industriels ajoutent du leur. La pollution de la rivière Kasai est une véritable catastrophe. 12 morts et plus de 4.500 personnes frappées de dysenterie, sans parler des éruptions cutanées, voire des maladies vénériennes, a déclaré la Ministre de l’Environnement, Madame Eva Bazaiba.

Cette pollution a été causée par la Sociedade Mineira de Catoca qui exploite le diamant à Lunda Sud dans l’Angola voisin. Cette société reconnait une défaillance de son système de canalisation d’eau et affirme que l’incident technique a été résolu depuis la fin du mois de juillet.
Elle ne pourra pas échapper à ses responsabilités en vertu du principe pollueur-payeur. Ce qui est insupportable est que cette société ne dit manifestement pas la vérité sur la nature des substances rougeâtres qui causent autant de dégâts.
Depuis plus de deux mois, les poissons meurent ainsi que d’autres animaux marins, tels les hippopotames. L’eau des Tshikapa, Kasai et maintenant Kwilu est impropre à la consommation.
Bientôt Kinshasa, et le Kongo Central seront à leur tour aussi touchés. La société angolaise responsable de cette hécatombe ne peut ainsi minimiser ce drame et brouiller les cartes en affirmant faussement qu’il ne s’agit que des mélanges de roches naturelles, telles que du sable et de l’argile.
Les premiers tests prélevés dans la rivière Kasai font état d’un taux anormalement élevé de fer dans les eaux, selon les déclarations des experts du ministère de l’environnement.
D’autres observateurs indépendants ont, de leur côté, évoqué la présence de mercure rouge.
Comme un malheur n’arrive jamais seul, voilà deux semaines, le président de la société civile de Mulunguishi alertait l’opinion sur la pollution de la rivière qui donne son nom à la localité. Située à 45 km sur la route Lubumbashi-Likasi , elle aurait été polluée par les déchets de la mine de Kambove de la Gécamines.
Par la bouche de son directeur technique, Bestere Ntambwe, la Gécamines a réfuté toute implication dans cette nouvelle affaire de pollution.

Pays à la vocation minière très affirmée, entourée des grands pays miniers comme l’Angola, la Zambie, le RCA, etc… la RDC a tout intérêt à constituer une police environnementale pour la surveillance et la protection de ses cours d’eau.