Par Siméon Isako

Dans son sondage réalisé du 25 février au 7 juin 2022 auprès de 5512 personnes âgées de 18 ans voir plus et sur
493 sites d’enquêtes répartis dans les 26 provinces du pays, le Bureau d’études, de recherches, et de consulting international (Berci), le Groupe d’études sur le Congo (GEC) de l’Université de New York en association avec Ebuteli, partenaire de recherche du GEC en RDC , se sont basés à recueillir les opinions des congolais sur le regard porté sur leurs dirigeants.

« Bien qu’encore faible, la cote de confiance des Congolais à l’égard de leur gouvernement a progressé de 0,9 point par rapport aux 36,6 % de décembre 2021« , fait savoir le sondage.
Par ailleurs, ce document parvenu à CAS-INFO nuance que « Ce type de défiance n’est nullement l’apanage de la RDC. Au Royaume-Uni par exemple, seuls 47,7 % des Britanniques font confiance au gouvernement. Ce chiffre est encore plus faible au Brésil (40,7%). En Afrique, les
gouvernements de la Côte d’Ivoire, de la Guinée, de la Tunisie, du Nigéria, du Gabon et du Cameroun se retrouvent d’ailleurs
tous avec des niveaux de confiance populaire inférieurs à celui de l’exécutif congolais
« .

Le fonctionnement actuel des institutions de la République ne satisfait pas les Congolais. Ils ne sont par exemple que 17 % des répondants à soutenir « fortement la manière dont le président de la République travaille» ; 37 % autres la soutiennent «moyennement » et près de 45 % « pas du tout ». Aujourd’hui, 54 % des répondants souhaitent que le prochain président se comporte beaucoup plus comme un « chef d’État qui arbitre et fixe les orientations »
plutôt que comme un « chef de gouvernement très présent dans la politique intérieure » (46 %).

En attendant, Félix Tshisekedi recueille son plus mauvais score en termes d’opinions défavorables (51 %) depuis son avènement au pouvoir en 2019. Mais, en même temps, le chef de l’État améliore sa cote de popularité qui gagne désormais 11 points par rapport à décembre 2011 : Tshisekedi passe de 29 % d’opinions favorables à presque 40 %. Ce qui reste tout de même en deçà de ses 63 % de mars 2019.

Le Premier ministre Sama Lukonde ne fait pas mieux. Seulement 11 % des répondants soutiennent « fortement » sa gestion, 30 % « moyennement » et 46 % ne la soutiennent « pas du tout ».
Son gouvernement ne rassure pas non plus : seulement 37,5 % des Congolais sondés lui font confiance. La majorité des personnes interrogées (40 %) considère d’ailleurs qu’« il est important pour les citoyens de pouvoir demander des comptes au gouvernement ». Et pour 35 % autres, l’importance, c’est plutôt d’avoir un «gouvernement qui peut faire avancer les choses ».

De fait, toutes les personnes interrogées voudraient voir le gouvernement
rencontrer plusieurs défis dans différents secteurs de la vie nationale. Dans l’ordre des priorités, il s’agit notamment de la
sécurité (25 %), du social (20 %), des infrastructures (routes, eau et électricité, 16 %), de l’économie et de l’emploi (14 %) et du «programme de développement des 145 territoires» (7 %).
S’agissant particulièrement de soins de santé, la nécessité de mettre en œuvre la couverture santé universelle est plébiscitée par près de 74 % des Congolais sondés. En revanche, la gratuité
de l’enseignement de base, une des mesures phares du président
Tshisekedi, n’a pas le même engouement, même s’ils sont tout de même 53,5 % des répondants à la soutenir, tout en reconnaissant la faible qualité de l’enseignement dans les établissements publics que cette mesure a induite. Mais 46,5 % souhaitent sa suppression en vue d’élever le niveau de l’enseignement.
En attendant, alors qu’ils étaient majoritaires à penser le contraire
à l’arrivée du président Tshisekedi au pouvoir, ils sont désormais 66 % des Congolais interrogés à affirmer que « les choses ne vont pas généralement dans la bonne direction dans le pays » contre
34 % des Congolais optimistes. Ainsi, par exemple, contrairement aux Congolais qui pensent que la situation économique actuelle des ménages est meilleure qu’il y a trois ans (10 %), près de 33 % des répondants estiment, eux, que rien n’a changé et 31,5 % estiment que la situation est moins bonne et 11 % considèrent que
« la situation s’est plutôt détériorée ».
Du côté du Parlement, l’Assemblée nationale affiche quelque 32 % de cote de confiance et la manière dont Christophe Mboso, son président, gère cette chambre basse est jugée totalement satisfaisante par seulement neuf pour cent des Congolais sondés, soit quatre points de moins que le score attribué à la gestion de Modeste Bahati au Sénat. D’ailleurs, Talatala, le baromètre de l’activité parlementaire et de l’action du gouvernement congolais, a relevé début juillet que les députés nationaux étaient
très concentrés à traiter les matières politiques au détriment de questions sociales très souvent abandonnés dans le tiroir des arriérés législatifs.
Aussi toutes les institutions de la République sont-elles mises en cause par la majorité des Congolais sondés sur l’absence d’informations disponibles concernant leur action. Ils sont 62
% à le penser pour les assemblées provinciales ; 63 % pour le gouvernement central et quasiment 62 % pour l’Assemblée nationale. À titre illustratif, pour ce dernier cas, en dépit des
efforts de Talatala pour documenter le sens de vote des députés nationaux, les chiffres officiels sur le vote et la présence des députés aux plénières demeurent inaccessibles.