Par Siméon Isako

L’ancien premier ministre congolais Augustin Matata Ponyo a donné de la voix face à la situation politique actuelle en RDC, secouée par la dissolution de la coalition FCC-CACH et naissance de l’union sacrée portée par le chef de l’État Félix Tshisekedi.

Pour lui, l’union sacrée devait éviter de commettre les mêmes erreurs que le FCC. Il invite plutôt les acteurs en présence dans cette organisation d’appuyer l’action gouvernementale pour une meilleure mise en œuvre de la politique économique.

« Ce que je pense est que l’Union Sacrée devait éviter les erreurs du FCC : être une association de tous les groupements et hommes politiques venant de partout dans le but de constituer une majorité parlementaire. Une telle structure, sans âme et esprit, ne pourra donner que des résultats semblables à ceux du FCC. En effet, l’objectif final d’un parti ou regroupement politique n’est pas d’avoir une majorité au Parlement. Celle-ci demeure plutôt un moyen politique en appui à l’action gouvernementale pour une meilleure mise en œuvre de la politique économique« , a dit Matata Ponyo.

L’ancien collaborateur de Joseph Kabila se pose des questions sur le véritable rôle que joueront les membres du FCC, devenus acteurs dans l’union sacrée.

« Que peut-on faire avec les mêmes acteurs qui ont composé et animé le FCC et ont traversé la frontière pour rejoindre le CACH et former l’Union sacrée ? Certains d’entre eux déclarent tout haut avoir été débauchés en contrepartie des sommes d’argent alléchantes. D’autres disent y aller sans y croire, si ce n’est pour chercher les postes ! Si le CACH a critiqué sévèrement le FCC, c’est à cause notamment de ces mêmes acteurs politiques qui hier, étaient les chantres du kabilisme, et aujourd’hui deviennent les chantres du tshisekedisme ! Certains ont même retrouvé leur maison de départ, parce qu’étant tshisekedistes à l’origine. Les diables d’hier peuvent-il devenir des anges d’aujourd’hui ? Qu’est-ce qu’ils peuvent de mieux aujourd’hui dans l’Union sacrée qu’ils n’ont pas été en mesure de faire hier dans le FCC ? Ne seront-ils pas demain les pourfendeurs du Tshisekedisme ? Ne vont-ils pas faire la retraversée avant 2023 ? »s’est-il interrogé.

Selon lui, le peuple congolais n’a plus besoin de voir les mêmes acteurs qui ont échoué partout depuis les années 60 continuer à le tromper.

« Ce que je pense est que la RDC a besoin d’une vraie majorité parlementaire qui naitrait des urnes. Une vraie majorité, celle de rupture, qui serait l’expression de la population de voir le changement radical se réaliser. Etienne Tshisekedi wa Mulumba, n’avait-il pas résumé en un seul mot son programme d’actions lorsque l’ancien président du Parlement de Transition, Mgr Mosengwo, lui demanda de l’exposer ? En un mot, avait-il dit, mon programme, c’est le Changement. Non seulement la salle de congrès du Palais du peuple avait vibré, mais tout Kinshasa avait bougé. Le pays aussi. Le peuple congolais n’a plus besoin de voir les mêmes acteurs qui ont échoué partout depuis les années 60 continuer à le tromper avec la même démagogie« , a rappelé Matata Ponyo.

Ce dernier insiste sur le fait que le peuple congolais a besoin des nouvelles énergies pour obtenir un changement totale et non de ceux qui se positionnent au nom de leurs intérêts.

« Les mêmes qui changent comme de caméléons : Ils ont été lumumbistes, mobutistes, tshisekedistes (le père), kabilistes (le père et le fils) et aujourd’hui redevenus tshisekedistes (le fils) ; et pour combien de temps ? Les mêmes méthodes ne peuvent produire que les mêmes résultats. Le peuple a besoin des nouveaux acteurs avec des nouvelles idées et dépositaires des valeurs. Des nouveaux acteurs ne sont pas nécessairement des jeunes, parce qu’il y en a aussi qui ont vieilli prématurément dans la mauvaise gouvernance. Le peuple a plutôt besoin de jeunes et vieux capables de créer une nouvelle société de politiciens compétents, travailleurs, courageux, qui croient aux valeurs et pensent que l’objectif premier de la politique est de travailler pour le peuple et non pour soi-même. Pas en théorie, mais en pratique« , a martelé Augustin Matata.

« Ce que je pense est que l’Union sacrée dans sa forme en cours de composition n’est pas en mesure de créer une nouvelle classe politique et un nouvel idéal. Les mêmes causes entrainant les mêmes effets, nous risquons de vivre avec un nouveau FCC appelé Union Sacrée. Et les résultats ? Ils seront quasiment les mêmes que ceux du FCC« , a-t-il conclu.

Plusieurs anciens collaborateurs de Joseph Kabila, voir même certains caciques de son régime lui ont tourné le dos pour adhérer dans l’union sacrée portée par Félix Tshisekedi. Plusieurs justifient leur position par le souci de servir le peuple.