Luc Nkulula, Lucha

Par CAS-INFO

Le temps s’est arrêté dimanche en Republique démocratique du Congo. Lorsqu’au lever du jour, la terrible nouvelle venue de Goma, provoque la stupeur générale. Luc Nkulula, 33 ans, est mort. Le militant et co-fondateur de la Lutte pour le Changement (Lucha), a péri dans l’incendie qui a ravagé son domicile dans la nuit de samedi à dimanche.

Accident ou acte criminel ? Pour Mutete Mwenyemali, chef de Himbi, le quartier où habitait la victime, le feu pourrait avoir pu provenir d’une origine criminelle, a sous-entendu ce responsable local, au micro de TV5, devant la maison de Luc Nkulula réduite en cendre. Ce chef de quartier n’est cependant pas le seul à imaginer un possible meurtre de trop. De la Lucha aux ONG en passant par le Comité laïc de coordination, les voix se sont élevées pour réclamer une enquête. « Dans son souci de l’égalité de tous devant la justice, le CLC exige l’ouverture immédiate d’une enquête réellement indépendante pour déterminer les circonstances de sa mort et traduire les coupables en justices », a sollicité, dans un communiqué, l’association proche de l’église Catholique.

Hommage unanime, à un défenseur de la démocratie

À l’image du CLC, qui s’est illustrée ces derniers mois par des manifestations anti Kabila, Luc Nkulula, est aux avant-postes depuis la création du Mouvement en 2012. D’abord pour défendre les droits et libertés individuelles, objectif primordial de l’organisation citoyenne. Avant de durcir le ton envers le Président de la Republique Joseph Kabila, soupçonné de vouloir s’accrocher au pouvoir au-delà de ses deux mandats constitutionnels. L’image du jeune militant, poing levé, entouré de policiers, en 2016, au plus fort de la crise politique dans le pays, fera d’ailleurs le tour du monde.

Un nouvel héros de la lutte pour la démocratie, donc, qui a évidemment, suscité une vague de réactions de soutien et d’hommages. À travers le pays comme à l’etranger. Alors que ses camarades de la Lucha saluaient un combattant « courageux », et que Filimbi, l’autre Mouvement citoyen pro démocratie, prenait l’engagement de « poursuivre la lutte citoyenne pour laquelle [Luc] s’est sacrifié », comme a tweeté Floribert Anzuluni, dans les états-majors politiques de l’opposition, une avalanche de messages et d’émotion a envahi les réseaux sociaux.

« Une mort de trop »

« Avec nos autres héros de la démocratie [Luc] est un modèle pour tous », a ainsi écrit l’opposant Moïse Katumbi sur son compte twitter. L’ancien gouverneur du Katanga a par ailleurs, lui aussi, réclamé que la lumière soit faite sur cette tragédie. « Bouleversé », et « sans voix», le candidat de l’Écidé à la présidentielle, Martin Fayulu, a de son côté regretté « une mort de trop et une perte pour le Congo ». Tandis que le leader de l’UNC, Vital Kamerhe, évoquait « un coup dur pour sa famille et la RDC ».

Déclarée persona non grata en RDC à cause de ses rapports dérangeant sur la situation de droits de l’homme dans le pays, la directrice Afrique Centrale de Human Rights Watch, Ida Sawyer, a souligné la « perte d’un des activistes courageux qu’elle n’avait jamais rencontrés », a-t-elle écrit. Enfin, un hommage, plutôt rare, venant d’un journaliste, dans ce genre d’événements. Celui d’Aaron Ross. « Luc a été l’un de leaders de la génération lumière. Intelligent, courageux et une âme aimable », a salué ce Reporter de l’agence Reuters connu des Congolais pour s’être vu lui même obligé de quitter le territoire congolais en Août 2017 jusqu’à ce jour. Pour non renouvellement de visa.