Commentant le 15 février dernier la publication des « Conclusions » et des « Exigences » relatives au rapport final de son service, l’Inspecteur général des finances a fait cette déclaration fâcheuse : « Les entreprises chinoises ont déjà encaissé un gain évalué à près de 10 milliards de dollars américains, tandis que la République n’a bénéficié que de 822 millions de dollars en termes d’infrastructures. Faudra-t-il encore, dans les 822 millions, qu’on entre en profondeur pour réaliser qu’il n’y a aucune visibilité de cette somme » !
Economiste, donc technocrate, Jules Alingete ne devrait évoquer cette visibilité que sur base d’une évaluation réelle des travaux réalisés dans le cadre des infrastructures achevées et en voie de construction. Et non, comme il l’a fait, emprunter aux politiques leur langage généralement clivant, caractérisé par la facilité inouïe de soutenir, à la fois, une chose et son contraire pour le positionnement ou repositionnement. Car, on risque même d’induire en erreur l’autorité.
Nulle part, dans les documents publiés par l’IGF, allusion n’y est faite. Or, on ne peut pas porter des accusations d’une gravité aussi extrême avec, en plus, risque de susciter une crise diplomatique, sans démontrer par A+B que telle infrastructure a coûté autant, telle autre autant.
« Toute la preuve doit incomber en principe à l’accusation », dit-on. Du reste, « C’est parce qu’il y a une présomption d’innocence que la charge de la preuve incombe à la partie poursuivante ».
Dans cette logique, il revient à l’IGF de réunir les preuves des griefs à charge de la SICOMINES. S’agissant de la visibilité nulle du montant évoqué pour les infrastructures, le rapport est plutôt publié muet. Dès cet instant, tous les chiffres révélés sont sujets à caution.
Entre-temps, pour ne prendre que l’exemple de la voirie urbaine de Kinshasa, Jules Alingete est pleinement conscient du fait qu’à 80 %, les artères praticables à grande circulation (cas des boulevards et des avenues), sont liées au contrat sino-congolais. La plupart remontent d’ailleurs à 2010, cinq ans avant la production de la première cathode du cuivre. Pour rappel, ces artères avaient été lancées en prévision du Cinquantenaire de l’accession de la RDC à l’indépendance.
L’IGF a-t-elle, aujourd’hui, la capacité d’en évaluer le coût en termes des revenus pour les commerçants, les revendeurs, les ouvriers, les fonctionnaires etc. qui les empruntent chaque jour, pour ne pas parler des cadres ? Peut-elle révéler aux Congolais ce que rapporte, en termes des recettes budgétaires, un boulevard comme Lumumba avec toutes les délégations officielles qui se rendent à l’étranger ou qui en reviennent via l’aéroport international de N’djili ?
Déjà, Jules Alingete n’est pas sans savoir qu’en grande majorité, les artères qu’il utilise pour se rendre à son travail ou rentrer à son domicile, ou encore pour répondre à des rendez-vous dans des bureaux, des restaurants, des ambassades etc., sont visibles, et leur coût évaluable.
Moralité : les critiquer sans les évaluer à un effet boomerang !
Celui qu’il est en train de vivre…