Par Siméon Isako

L’artiste musicien François Lulendo Matumona alias Général Defao est décédé à Douala, à l’âge de 63 ans ce lundi 27 décembre 2021.

Selon plusieurs sources, le Coronavirus est à la base de ce décès.

Toujours d’après les mêmes sources, il était dans le coma, en séjour au Cameroun où il devait normalement livrer quelques concerts.

Lulendo Matumona, alias Defao, est un chanteur, auteur-compositeur-interprète congolais né le 31 décembre 1958 à Kinshasa.

Son parcours musical est typiquement congolais. Il débute dans la chanson en 1976, dans de petits groupes d’un quartier populeux de Kinshasa. Ses modèles se nomment, à l’époque, Papa Wemba, N’Yoka Longo, Gina Efonge et Evoloko, quatre chanteurs du groupe Zaïko des années 1970. Mais côté chant, celui auquel il s’identifie le plus est Tabu Ley Rochereau.

La consécration arrive pour lui, cinq ans plus tard. Defao intègre Le Grand Zaïko Wawa, du guitariste Félix Manuaku en 1981. Les Kinois découvrent alors un jeune chanteur élégant et, ce qui ne gâche rien, bon danseur.

De 1983 à 1991, il fait les beaux jours du groupe Choc Stars, aux côtés d’une autre vedette de la chanson congolaise, Bozi Boziana. Il opte alors pour de fréquentes apparitions à la télévision, ce qui contribue à asseoir sa popularité. Son succès grandissant et son charisme inné le conduisent alors à entamer sa carrière de musicien.
Depuis 1991, il a son propre groupe, le Big Stars, comme pour s’assigner un objectif : devenir une grande star africaine. Que chacun dans son domaine fasse l’effort de réussir, lance-t-il. Aujourd’hui, dans la cinquantaine, Defao prend les choses comme elles viennent. Au cours des cinq premières années de Big Stars, Defao connaît une période très créative et productive, et a sorti au moins dix-sept albums, dont six sont arrivés sur le marché européen en 1995. Au cours des années 1990, il est reconnu comme artiste solo dans la même ligue que Papa Wemba, Koffi Olomidé, Bozi Boziana et Kester Emeneya. Bien qu’il ne vende toujours pas dans le monde entier la même quantité que Papa Wemba et Koffi Olomidé, sa popularité auprès des Congolais ne fait aucun doute. Cette popularité découle de sa voix, à la fois musicale et énergique. Ses chansons sont classiquement structurées dans le moule rumba-sébène en deux parties, et ses animations de danse sont éminemment sympathiques, sans être ouvertement prévisibles et fantaisistes. Defao a non seulement l’une des meilleures voix du Congo, mais il est sans aucun doute le meilleur danseur de toutes les grandes voix congolaises.
Il sort l’opus « Famille Kikuta » en 1994, la chanson homonyme sera le numero un dans les Hits-Parades zaïrois. Le titre parle d’une femme abandonnée par son conjoint, qui tente de lui convaincre pour rentrer dans leur foyer. Après 1995, il prend du recul, avec deux nouveaux CD en 1996, un en 1997 et un en 1998, l’album Copinage avec la chanteuse Mbilia Bel. À côté de cet album, Defao et Big Stars accompagnent en 1989 également Zaksoba, un chanteur burkinabé, sur son CD Sensuel. En 1999, Defao connaît une autre année très productive avec cinq sorties, dont les albums Tremblement de terre et La guerre de 100 ans. Cette production déséquilibrée indique un manque de conseils d’un bon manager, ce qui se reflète également dans son changement continu de producteur et de maison de disques. Parfois, il publie même des versions alternatives du même matériau sur différentes étiquettes.

En 2000, il dissout son groupe Big Star et passe une partie de l’été à Paris pour y enregistrer l’album Nessy de London, avec une formation de musiciens parisiens. Avec l’aide de Nyboma Mwan Dido, Luciana De Mingongo, Wuta mayi, Ballou Canta et Deesse Mukangi, Defao fait de nouveau, avec Nessy de London, un record fantastique.

Ensuite, le silence survient autour de Defao. On dit qu’il s’est mêlé à un malentendu politique tel que le président congolais de l’époque, Joseph Kabila, l’a empêché de jouer. Il déménage en Afrique de l’Est, et fait face à plusieurs difficultés dans le nouveau millénaire, allant des problèmes d’argent aux problèmes de visa. Ses fans doivent attendre 2006 — une longue période, inhabituelle dans le cas de Defao — pour le retrouver dans un nouvel album intitulé Nzombo le soir. Après encore quatre ans, ce CD est suivi de Pur encore en 2010. Outre le fait que l’album ne peut être téléchargé et n’est pas disponible en CD, celui-ci est également sujet à une qualité sonore assez médiocre. Cet étrange relâchement montre à nouveau que Defao a toujours des problèmes pour gérer sa carrière dans une direction qui peut vraiment capitaliser son grand talent. Cependant, Defao est revenu en 2012 avec The Undertaker, suivi en 2016 par Any Time.

En 2019, Defao revient à Kinshasa, après 21 ans d’absence dans son pays natal[3]. En studio et en supplémentaire en Afrique de l’Est avec Montana Kamenga, ce dernier revient à son mentor artistique pour de nouvelles collaborations.