RDC, Minaku, Sanctions USA

Par CAS-INFO

Il est l’une des personnalités emblématiques du système Kabila touchées par les nouvelles sanctions des États-Unis. Jusqu’ici épargné, l’ancien président de l’assemblée nationale Aubin Minaku s’est vu, avec Corneille Nangaa, Norbert Basengezi et Benoit Lwamba, interdit à compter de ce vendredi 22 février 2019 de visa en direction des États-Unis. Ainsi, a décidé le département d’État américain qui les accuse de « corruption importante liée au processus électoral’’ et d’être « responsables, complices ou auteurs de violations des droits humains ou d’atteintes au processus démocratique en RDC”.

Comparée aux sanctions infligées aux généraux Numbi et Amisi qui ont vu leurs comptes en banque gelés, la mesure semble moins lourde. Mais le coup est dur pour le patron de la Majorité démocratique, l’actuelle appellation de l’ancienne MP, Majorité présidentielle. Car pour l’ex puissant Speaker de la chambre basse du Parlement, c’est son image jusque-là bien protégée qui est en jeu. Lui qui a aura tout tenté pour toucher le soleil. Pour être ce dauphin tant convoité. Lorsque la course à la succession de Joseph Kabila faisait rage au sein de l’ex camp présidentiel.

Brillant juriste formé à l’université de Kinshasa, le député d’Idiofa voit sa fidélité envers Joseph Kabila récompenser. Au lendemain des deuxièmes élections démocratiques de 2011, le PPRD et le Chef de l’État encore sous le choc de la défection fracassante de Vital Kamerhe, doivent miser sur la loyauté. Le 12 avril 2012, c’est lui qui est propulsé au perchoir du Palais du peuple. Aubin Minaku y affutera ses plus grandes armes. Ici, pas question de jouer le démocrate comme un certain… Kamerhe. Malmenée, sa parole régulièrement coupée, l’opposition est rappelée à sa juste place. Minaku fait le job.

Mais derrière ce président de la chambre législative fidèle et dur, se prépare un candidat à des enjeux beaucoup plus élevés que le siège du bâtiment de Lingwala. S’il est resté jusqu’au bout solidaire à son autorité morale empêtrée dans une crise de légitimité, en coulisse celui qui a dans la foulée décroché un doctorat en droit avec mention « plus grande distinction », avance ses pions. Président de l’Assemblée parlementaire de la francophonie (APF) depuis juillet 2015. Quel timing ! Aubin Minaku profite de cette vitrine prestigieuse pour étoffer sa stature présidentiable. Il marque des points face aux adversaires au « dauphinat ». 

Plus que des simples points, l’APF lui permet même de prendre de la hauteur par rapport aux joutes politiques locales polluées par les manœuvres de glissement et l’incertitude sur la tenue des élections censées marquer la fin du second et dernier mandat de Joseph Kabila. Résultat, pendant que les Boshab, Numbi, Olenga ou encore Shadary collectionnent les sanctions étrangères, le gentil Minaku est épargné. Épargné. Jusqu’à ce vendredi 22 février 2019.