Félix, Conclave

Un Tshisekedi en cache toujours un autre. Cette expression populaire, adaptée à la situation de l’opposition congolaise, semble peu à peu s’appliquer à la progéniture de l’ancien leader historique de l’Udps. Depuis la disparition du père le 1er février 2017, le fils, Félix, a pris les commandes du Rassemblement. Le moins qu’on puisse dire est que l’esprit du « lider maximo » semble toujours planer au-dessus de Limete, fief de l’Udps, devenu également le siège de la principale coalition de l’opposition. Et ce n’est pas la cérémonie de clôture du 2e conclave de la plateforme qui le contredira.

Chemise « Bazin » sombre, débarrassé du « Munyere », le célèbre chapeau du « Tshisekedisme » (voir la photo ci-dessus), le temps de mettre fin aux travaux, le discours, lui, n’avait pas quitté la bouche du président du Rassemblement rappelant un certain…Étienne Tshisekedi confronté en son temps au régime de Mobutu. Dans son viseur, Joseph Kabila, « coupable » d’avoir, lui aussi, aujourd’hui, plongé le pays dans le chaos.




Mais, c’est aux caciques du régime, – « nos frères qui sont dans ce truc dénommé Majorité présidentielle » -que Félix Tshisekedi s’est adressé, en premier, les invitants à prendre conscience de la situation et de ne pas continuer à suivre Joseph Kabila dans la perdition. L’accent rappelle celui de « Ya Tshitshi » s’adressant aux « Mouvanciers », dans les dernières heures du Maréchal. Quant au chef de l’État, au coeur des nouvelles révélations sur sa fortune, il n’est pas épargné. « Ils [avec sa famille], ont pris tout l’argent du pays et son allés les cacher dans des banques à l’etranger », a dénoncé, le « Ranger », avant de sonner la mobilisation pour les « chasser », selon le vocabulaire caractéristique chez les Tshisekedi.

Courtisé par tous les camps

Lorsqu’Étienne Tshisekedi décède en février, la succession quasiment monarchique n’a pas mis beaucoup de temps à se mettre en place. Malgré ses 53 ans, les Pierre Lumbi, Lutundula et les autres, bien mieux outillés que le secrétaire général adjoint de l’Udps, pour les ténors du Rassemblement, la seule possibilité de survie du mouvement devait passer par continuer à faire vivre l’esprit du « Sphinx » de Limete en donnant les commandes à un Tshisekedi.

Un choix judicieux car depuis, le centre de gravité des activités de la « vraie » opposition s’appelle Félix Tshisekedi. Entre Kinshasa, Bruxelles ou Londres, il donne le tempo, s’il ne s’affiche pas avec Moïse Katumbi, l’ancien gouverneur du Katanga pour lequel il constituera le moment venu, un soutien incountournable sur la route menant au Palais de la Nation.




Mais dans la « chasse » à la Tshisekedi, Katumbi n’est pas le seul à le courtiser. Depuis plusieurs semaines, « Kabila aussi fait le forcing pour le recruter », confie à CAS-INFO un participant à des nombreuses réunions secrètes. Une mission qui semble avoir avorté vu le discours radical adopté par l’intéressé.

« Je vous dis que je suis comme un poisson dans l’eau et j’y croise souvent le crocodile. Je puis vous assurer que le crocodile et tous les siens sont déjà morts et nous n’avons plus à avoir peur d’eux », a-t-il lancé samedi. Une métaphore qui vaut une mobilisation à 5 mois de la fin d’une transition qui fait trembler les Congolais.