Par Siméon Isako

Le dossier des cartes bancaires révélé au mois de juin dernier par l’inspection générale des finances (IGF) pourrait incessamment prendre une tournure judiciaire.

Dans un document adressé au procureur général près la cour de cassation et dont «Jeune Afrique» a consulté une copie, la ministre de la justice Rose Mutombo, demande des poursuites à l’encontre de dignitaires qui ont bénéficié de ces moyens de paiement.

Eu égard aux révélations de l’IGF plusieurs anciens ministres, mais aussi des proches de Joseph Kabila, ainsi que des cadres du régime et de l’armée, pourront donc faire face à la justice.

Dans une lettre adressée le 24 mai dernier au ministre des Finances Nicolas Kazadi, l’IGF Jules Alingete Key l’avait que des irrégularités ont été constatées dans le dossier des cartes de crédit.
« La mission de contrôle de gestion de la Banque centrale a relevé que des paiements, de l’ordre de 174 millions de francs congolais, ont été effectués à partir de ces cartes de crédit » et imputés au compte « Suspens débiteur État de la BCC« , avait écrit Alingete.

Selon ce même courrier, ces cartes auraient été octroyées par la Rawbank, l’une des plus grandes banques congolaises, à des hauts cadres des institutions de la RDC. Par ailleurs, la mission de contrôle estime que le fait que la BCC n’a pas produit le relevé des paiements «entretient une forte présomption sur le fait que ce montant comprendrait aussi abusivement des cartes de crédit émises au profit des cadres de la banque centrale ».

Parmi les 32 personnes figurant sur la liste, on retrouve notamment plusieurs anciens ministres comme Pépin Guillaume Manjolo (Coopération régionale), José Sele Yalaghuli (Finances), Marie Tumba Nzeza (Affaires étrangères), tous membres du gouvernement de Sylvestre Ilunga Ilunkamba et plusieurs proches collaborateurs de l’ancien président Joseph Kabila comme le général François Olenga, ex-chef de la maison militaire du raïs qui aurait été titulaire de l’une de ces cartes entre 2011 et 2019, de l’ancien président de l’Assemblée nationale Aubin Minaku, de l’ex-ambassadeur itinérant Séraphin Ngwej, ou encore du conseiller diplomatique de l’ex-président, Kikaya Bin Karubi.