Il ne fallait pas se louper. Tel était l’enjeu pour la frange la plus radicale de l’opposition congolaise qui avait appelé les congolais à rester à la maison lundi pour faire pression sur le pouvoir. Cible de toutes les critiques depuis sa naissance à Genval en Juin 2016, le Rassemblement devait démontrer qu’il ne profitait par l’aura de l’opposant historique dont les mots d’ordre ont fait trembler les régimes de Mobutu et des Kabila père et fils, pour exister.

Mais Tshisekedi est parti, un autre Tshisekedi a pris la tête du Rassemblement. Visiblement, la baraka du fils héritier a fonctionné.

En effet, tels que l’ont constaté les journalistes de CAS-INFO, à Kinshasa, Lubumbashi ou encore à Goma, le pays a tourné au ralenti. La mégapole Kinshasa qui grouille souvent du monde dès le lever du jour est resté particulièrement calme jusqu’en début d’après-midi. Boutiques, magasins et grandes enseignes fermés. Même le transport en commun officiel a été déserté par les passagers

« La ville morte a réussie à 100% », s’est félicité André Claudel Lubaya, membre du Rassemblement en évoquant un signal fort pour le pouvoir.

Qu’on aime leurs têtes, qu’on ne les aime pas, il faut le leur reconnaitre, les Martin Fayulu, Félix Tshisekedi, Pierre LUMBI et les autres, ont réussi un coup de maitre là où beaucoup ne leur donnaient la moindre chance. En retenant le pays à la maison, ils viennent de démontrer qu’après le leader maximo, ils ont des arguments à faire valoir face aux autorités qu’ils accusent d’avoir délibérément bloquer l’accord de la Saint Sylvestre.

Pour le régime de Joseph Kabila qui a commencé à consulter la classe politique afin de tenter de sortir de la crise, le message lui envoyé est clair. L’hostilité à son pouvoir garde toujours une dimension importante dans le pays. La disparition d’Etienne Tshisekedi n’a pas bouleversé la donne, loin de là. Les Congolais semblent toujours exprimer une envie d’alternance. Un besoin de se choisir leurs nouveaux dirigeants d’ici à la fin de l’année.

Le chef de l’Etat a-t-il entendu le message ? À suivre mercredi, jour de la grève générale que Joseph Kabila à finalement choisi, en défiant encore un peu plus la contestation, pour s’adresser à la nation à travers les deux chambres réunies en Congres.