Bemba, CPI

Par Yvon Muya

L’annonce de l’acquittement de l’ancien vice-président congolais Jean Pierre Bemba par la CPI a provoqué une vague de réactions politiques à Kinshasa. Si le gouvernement, par la bouche de son porte-parole Lambert Mende, est resté mesuré en estimant que le chef de file du MLC avait le droit de rentrer dans son pays, dans l’opposition, les langues se délient. Certains y voyant même un renfort de taille contre le Président Kabila.

Jusque-là principal opposant au chef de l’Etat, Moïse Katumbi verra sans doute son statut de « favori » de la prochaine présidentielle être fortement menacé. Mais pour l’ex gouverneur du Katanga, l’heure est, pour l’instant, à la réjouissance. « Félicitations à mon compatriote Jean Pierre Bemba. Son acquittement montre que la vérité finit toujours par triompher. », a tweeté le candidat d’Ensemble. Contraint à l’exil et poursuivi par la justice congolaise dans des procédures qu’il conteste, Moïse Katumbi voit dans le dénouement heureux du dossier Bemba, « le début d’une nouvelle ère de justice pour la RDC », faisant ainsi allusion à « ceux qui utilisent encore des faux procès ».

Pour sa part, Félix Tshisekedi a appris « avec joie et soulagement » la nouvelle venue de la Haye. « Son retour sur la scène politique congolaise sera sans nulle doute un renfort considérable pour le camp de l’alternance. », s’est réjoui le nouveau président de l’Udps.

Même tonalité du côté du président de l’ECidé. « Nous remercions le Seigneur d’avoir confondu les malins et permis l’abandon de poursuites contre son enfant”, a assené le député de Ngaliema. Le tout nouveau candidat à la présidentielle a par ailleurs estimé que le Congo avait besoin de tous ses enfants valeureux « pour le sortir du trou ».

Candidat malheureux à la présidentielle de 2006 qui s’est soldée par des affrontements armés à Kinshasa en mars 2007, Jean Pierre Bemba avait dû quitter le pays précipitamment pour s’exiler au Portugal avant d’être arrêté et transféré à la CPI en mai 2008. Unique leader charismatique à sortir du lot à l’issue du schéma 1+4, le « Chairman » avait laissé libre la place de chef l’opposition occupée jusqu’à sa mort en février 2017 par l’opposant historique Étienne Tshisekedi revenu dans le jeu politique après avoir boycotté les élections de 2006. Son retour [de Bemba] va à coup sûr redistribuer les cartes. Comme l’a bien souligné, lucide, Vital Kamerhe.

« Ne jamais enterrer quelqu’un avant la décision de Dieu », a lancé le patron de l’UNC avant d’ajouter, « le vrai jeu politique va commencer avec ce grand leader de la scène politique congolaise en liberté.”. Pouvoir et Opposition sont parvenus.