Sénateurs, USA, RDC

Par CAS-INFO

Au lendemain de la diffusion dans les médias de la lettre d’un groupe de sénateurs démocrates adressée au président des États-Unis, à qui ils demandent de prendre des nouvelles sanctions contre des proches du chef de l’État en RDC, les réactions ne se sont pas faites attendre au Palais de la Nation.

Interrogé par nos confrères de Jeune Afrique, le conseiller diplomatique du président de la république, Barnabé Kikaya, a fait part de son incompréhension tout en déplorant le fait qu’ils [les Américains] se contenteraient « de ce que leur disent les opposants ». Un ton, plutôt, à la défensive, qui tranche avec la « rage » crachée par le général François Olenga lorsque le chef de la maison militaire du chef de l’État apprenait en Juin dernier que le Trésor américain avait ajouté son nom sur la liste noire des personnes avec lesquelles Washington ne pouvait plus engager des transactions financières. Il faut dire que, contrairement aux mesures passées, les conditions d’éventuelles nouvelles sanctions et les profils de personnalités qui poussent pour les obtenir de Donald Trump sont d’un niveau différent et elles ne sont pas de nature à plaire aux autorités congolaises.

Des poids lourds du Capitol montent au créneau

Jusqu’ici, aux États-Unis, la crise politique en RDC était évoquée à travers les réseaux privés, parfois avec la participation de quelques parlementaires et des Think tank. Ou encore à travers des puissants lobbies sollicités aussi bien par le gouvernement congolais que l’opposition. À coup de millions de dollars. Mais aujourd’hui les choses semblent s’accélérer dans un sens diffèrent et pas forcément celui qu’aurait souhaité la Majorité présidentielle. Alors qu’on annonce l’arrivée, courant octobre, à Kinshasa, de l’ambassadrice Nikki Haley, les yeux et la bouche de Donald Trump aux Nations unies, sept sénateurs et non de moindre, montent donc au créneau pour réclamer le respect de « l’esprit et la lettre de l’accord de la Saint Sylvestre ». Parmi eux, la très influente Elizabeth Warren. Élue de Massachusetts, cette démocrate qui a associé sa voix à celles de ses collègues pour réclamer des nouvelles mesures contre le Pouvoir de Kinshasa est une des figures respectées du Congrès américain.

Elizabeth Warren, sénatrice démocrate  – USA
Professeure de droit, Elizabeth Warren est connue à Washington pour ses positions sans concession sur les questions de droits de l’Homme. Elle, qui a conseillé Barack Obama en 2008, sa signature sur une lettre anti-Kabila n’a pas de quoi faire sourire autour du chef de l’État. À ses côté, Cory Booker, membre de la sous commission des affaires étrangères chargées de l’Afrique au Congrès ne s’est pas contenté seulement de signer la lettre. Alors que son site web a même été mis à contribution pour relayer la préoccupation des élus américains face à une crise qu’ils disent de plus en plus inquiétante. Aux États-Unis, régime présidentiel de référence, les sous commissions parlementaires disposent des réels pouvoirs et leurs avis sont généralement pris en considération. Autre précision qui ne peut pas faire sourire.

La loi Magnitsky désormais brandie 

Et preuve que la crise congolaise est vraiment désormais prise très au sérieux à Washington, parmi les sanctions sollicitées par les sept sénateurs, contre des proches de Joseph Kabila, ils demandent, outre le traditionnel gel des avoirs, l’utilisation par Donald Trump des outils tels que le Global Magnitsky Act. Voté en 2012 par le Congrès pour être appliqué uniquement par le président, Obama, à l’époque, il s’agit d’un texte spécial qui prévoit d’appliquer des sanctions financières et d’interdictions de visa contre des fonctionnaires russes soupçonnés d’être impliqués dans la mort en 2009 d’un avocat de lutte contre la corruption en Russie, un certain Magnitsky.

Adopté mercredi par le Parlement du Canada, ce texte permet aussi de poursuivre des dirigeants étrangers  accusés d’abus des droits de l’homme et de corruption. Les sept sénateurs américains ont choisi de l’agiter sur la tête de l’entourage de Joseph Kabila.