Kabila, ONU, Élections

Par CAS-INFO

À 3 mois du 31 décembre 2017, date marquant la fin de la période de transition décidée dans l’accord de la Saint Sylvestre, Joseph Kabila va prendre la parole devant les Nations unies. Un discours important à la fois pour la communauté internationale qui s’inquiète, et pour les Congolais qui s’interrogent. Resté au pouvoir malgré l’expiration de son second et dernier mandat et les soupçons sur ses intentions à vouloir s’y accrocher, quelle posture le chef de l’État va-t-il adopter pour rassurer ou continuer à faire douter le monde ? Nous passons en revue différentes possibilités.

Les élections ? c’est la CENI

C’est la question qui tient en haleine tout le monde à Kinshasa et partout ailleurs en RDC. Le président de la république donnera-t-il enfin une indication sur l’avenir électoral du pays ? Rien n’est moins sûr. Pour Joseph Kabila, la RDC est une démocratie qui fonctionne, avec le principe de séparation des pouvoirs. Difficile de voir Joseph Kabila se départir de ce principe qu’il tient souvent à rappeler en cette période de crise politique. Il est donc possible de le voir renvoyer la balle à la CENI, « seule institution habilitée à organiser les élections ».

Alors que les partenaires internationaux sont montés au créneau pour rappeler la « nécessité de respecter totalement l’accord de la Saint Sylvestre », là encore, on voit mal Joseph Kabila se laisser dicter la marche à suivre. En guise d’apaisement, il pourrait se borner à prolonger la formule de son ministre des affaires étrangères utilisée jeudi sur RFI. « Les élections auront nécessairement lieu dans les prochains mois », a déclaré Léonard She Okitundu. Une promesse qui rappelle un certain Joseph Kabila à la tribune de l’ONU il y a 3 ans.

Au Kasaï, Kabila, garant de la paix

Le chef de l’État a pris du temps avant de se rendre à New York. Résultat, il n’a pu écouter ni Donald Trump ni Emmanuel Macron à l’ouverture des travaux. La raison est simple. Joseph Kabila s’occupait de la paix au Kasaï. Après un an de violences, plus de 3000 morts et des milliers de déplacés dans une région du centre du pays que les conflits de ces dernières années avaient pourtant épargnée, le chef de l’État a choisi d’y lancer d’abord un forum de la paix , de s’assurer que Kamwina Nsapu c’est du désormais passé, d’établir les responsabilités et de prêcher le pardon. C’est donc en garant de la paix qu’il se présentera devant une communauté internationale fortement dérangée par ce conflit qui a provoqué l’assassinat de deux humanitaires de l’ONU pour lesquels New York et Kinshasa continuent à se tirailler.

Un bilan submergé par la crise ?

Mais l’assemblée générale de l’ONU étant toujours l’occasion de faire l’état des lieux de l’avancement du pays dans divers domaines, Joseph Kabila qui a épuisé ses deux mandats, aura à cœur de brosser son bilan. Sans doute le chapitre le plus compliqué de cette très attendue intervention. D’autant que la crise socio-politique que connait le pays empêche à coup sûr d’apprécier certaines réalisations.

Arrivé au pouvoir en 2001 après l’assassinat de son père, Joseph Kabila a réussi à réunifier un pays morcelé par les années de guerre. Une réalisation très vite rattrapée par la spirale des violences et des rebellions qui se sont déchaînées en même temps que la RDC entrait pour la première fois depuis l’indépendance à l’ère de la démocratie. CNDP, M23, ADF, Beni, Kasaï. Des mouvements matés ou amenés à déposer les armes par voie de négociation.

Et même si, sur le plan économique la chute des cours des matières premières a pendant deux ans submergé le meilleur taux de croissance réussi en 2014 (9%), et qu’aujourd’hui le secteur social gronde, Joseph Kabila – qui a réussi à atteindre, en 2010, le point d’achèvement des pays pauvres très endettés (PPTE) et l’allégement de la dette de près de 13 milliards qui va avec –  a de quoi s’en prévaloir. Reste maintenant à alléger le pays du poids d’absence d’élections qui mine toutes les perspectives de développement.