Loi électorale

Par CAS-INFO

La révolte des alliés place le PPRD devant un choix difficile. Faut-il aller ou non jusqu’au vote de la réforme de la loi électorale ? Le magazine Jeune Afrique publie ce samedi des enregistrements exclusifs de la réunion interne du jour du parti présentiel consacrée au sujet. Le moins qu’on puisse dire est que la sérénité est loin d’être le maître-mot au sein de la formation du chef de l’État Joseph Kabila, à la veille d’un débat crucial, à l’Assemblée nationale.

La pomme de discorde demeure la même : la disposition de la réforme de la loi électorale qui vise à revoir le seuil de représentativité, ramené à 3 % du suffrage exprimé au niveau national, dans le projet que s’apprête à défendre le Gouvernement au Palais du peuple. Autrement dit, une perspective suicidaire pour les partis alliés au sein de la Majorité présidentielle qui se verraient obligés de se rassembler sous la bannière des grands partis, notamment le PPRD, pour espérer décrocher des sièges.




Mais, ils n’ont été « créés » que pour une stratégie électorale, a rappelé le secrétaire général de la MP, Aubin Minaku, à l’intention des protestataires – dans ces documents sonores – en les qualifiant des ‘’partis-tiroirs ‘’, « qui ne sont pas des partis politiques, mais des instruments de stratégie électorale ». Un portait peu flatteur qui démontre à quel point la tension est vive entre le PPRD et ses alliés.

Lucide, Aubin Minaku s’est d’ailleurs rendu à l’évidence du mal qu’aura le parti présidentiel à faire passer une telle loi, et lance aux ténors du PPRD :

« Politiquement, maintenant, est-il bon, dans ce contexte d’aujourd’hui, de subir un échec ? Je me souviens de l’époque quand ce fus un échec (de révision de la loi électorale en janvier 2015). Je vois encore Boshab (ministre de l’intérieur d’alors), comment il commençait à utiliser son manteau. Je vois encore Ramazani (aujourd’hui ministre de l’intérieur), qui était à mes côtés…Ce n’était pas facile…Est-il bon qu’on subisse un échec de cette manière là ? ». Réponse en choeur, « Non! ».

Et Minaku de poursuivre :

« Mais les opposants disent aujourd’hui quelque chose d’important [La loi est révisée] dans l’intérêt de celui qui est au pouvoir [Joseph Kabila]. Puisque la majorité est en train de réviser la loi électorale, c’est que c’est dans son intérêt et donc nous devons rejeter. C’est ce qu’ils [les opposants] ont dit. Nous avons peut-être mal choisi le moment. Parce qu’une loi électorale qu’on révise, c’est dans l’intérêt de la majorité. Nous devons la soutenir. Or nous nous rendons compte que [avec] nos alliés au sein de la Majorité, ce n’est pas si évident. Voilà la difficulté… ».

Le risque politique est donc là. Le président de l’Assemblée nationale décrit alors l’ultime scénario d’un combat que le PPRD ne semble visiblement plus être prêt à livrer :

« Si nous sommes sûrs de perdre, politiquement, est-ce bon d’aller jusqu’au vote ? Le Gouvernement peut présenter la loi dans son intégralité, il y a un débat, nous soutenons le seuil (de 3 %), la loi va en commission. J’accorderai deux jours », a détaillé celui que certains présentent déjà comme le potentiel dauphin tout en se demandant si son parti pourrait quand même parvenir à changer les choses en commission. « Si nous encadrons le processus, est-ce qu’ils nous suivront, malgré l’encadrement ? ». Réponse, à partir de ce dimanche 26 novembre, à la chambre basse du Parlement.