Mandats pressenties, RDC, Rwanda, Burundi

Le débat sur la (non) limitation des mandats présidentiels qualifiée parfois de « présidence à vie », est revenu avec force dans la région des grands lacs. Le dernier acte en date a été posé au Burundi où la Commission nationale du dialogue interburundais (CNDI) a remis le vendredi 12 mai son rapport au chef de l’État Pierre Nkurunziza. Et Il y est question d’amendement de la constitution.

« La majorité des Burundais consultés ont en commun la volonté de supprimer les limites de mandats présidentiels », a, ainsi, déclaré, le président de la CNDI, Justin Nzoyisaba, en ajoutant, toutefois, qu’une partie non négligeable de la population considérait le verrou sur les mandats comme un gage de la démocratie.

Deux ans après le déclenchement de la crise née de la candidature controversée de Pierre Nkurunziza pour un 3e mandat, ce rapport, a, évidemment, été, perçu par l’opposition comme une provocation. Il fait surtout échos à la décision prise par le Parlement du Rwanda voisin il y a deux ans de prolonger le séjour de Paul Kagamé à la tête du pays.

Aux commandes depuis le génocide de 1994 avant d’être élu formellement en 2003, puis réélu, en 2010, Paul Kagamé n’a pas encore dit s’il se présentera pour un 3e mandat [Son interview cette semaine dans Jeune Afrique peut déterminer sa position finale], mais le score du référendum de décembre 2015 supprimant la limitation du nombre des mandats risque de faire pencher la tentation de rester. À 98, 13%, les Rwandais avaient voté « oui ». Le chef de l’État avait suspendu sa décision au résultat du vote.

« Référendum, un droit constitutionnel »

En RDC, le Rassemblement, principale force de l’opposition, en est convaincu. En violant, selon lui, l’accord de la Saint Sylvestre, Joseph Kabila cherche à organiser le référendum pour se maintenir à « vie » au pouvoir, répète la coalition dirigée par Félix Tshisekedi, fils de l’opposant historique [qui a vu traverser à la tête du pays 3 régimes militaires durant les 4 dernières décennies].

Et ce ne sont pas les récents propos du porte-parole de la Majorité présidentielle qui contribueront à lever ce doute. À l’issue de la réunion du bureau politique samedi, André Alain Atundu a prévenu que le référendum était un « droit constitutionnel » et qu’il n’appartenait pas à la classe politique de ravir au peuple Congolais le droit de « s’exprimer soit par référendum soit par les élections ». L’UNC de Vital Kamerhe a répondu à ces déclarations en dénonçant ce qui sera considéré comme un « crime de haute trahison ».

Arrivé au pouvoir en 2001 après l’assassinat de son père Laurent Désiré Kabila avant de remporter deux fois les premières élections libres et démocratiques de l’histoire du pays, Joseph Kabila est resté au pouvoir malgré l’expiration de son second et dernier mandat le 19 décembre 2016. L’accord politique dit de la Saint Sylvestre, obtenu grâce à la médiation catholique a du mal à mettre fin à la crise. La question du référendum constitutionnel jusqu’ici évoquée du bout des lèvres risque d’être la prochaine phase de frustration entre le pouvoir et l’opposition congolaise.