Félix Tshisekedi

Il y avait du tout. De la posture au discours en passant par le look. Certains kinois ont vu le fantôme de l’opposant historique parader lundi sur le grand boulevard Lumumba qui relie Limete à l’aéroport international de Ndjili.

Félix Tshisekedi avait quitté Kinshasa discrètement le 9 Avril dernier, à la veille d’une grande marche de l’opposition provoquant la manipulation et les moqueries de la Majorité présidentielle. Démobilisant parfois certains militants.

Mais c’était sans compter avec l’esprit de son défunt père Etienne Tshisekedi fortement présent lors de ce retour, brusquement, triomphal de Tshisekedi Junior après une mission diplomatique secrète selon l’expression des cadres du Rassemblement. Perché au-dessus d’un véhicule, lunette de soleil, et deux doigts levés en signe de victoire, Félix Tshisekedi a pris le pouvoir dans la rue. On n’est pas dans la même catégorie, mais il y avait comme un air du 27 juillet 2016, jour où un certain Etienne Tshisekedi rentrait lui aussi à la maison sur le même trajet, après deux ans de convalescence en Belgique.


Étienne Tshisekedi rentre à Kinshasa le 27 juillet 2016 après deux ans de convalescence
en Belgique. Il est escorté par des milliers des partisans.

 

Un discours musclé comme son père

En pleine crise politique aggravée par la nomination de Bruno Tshibala au poste de Premier ministre que conteste le Rassemblement, les premiers mots de Félix Tshisekedi étaient très attendus. Là encore, on n’était pas loin d’assister à la résurrection de Tshisekedi père.

« Nous avons signé l’accord le 31 décembre pour que le président parte en toute dignité après un an de transition. Mais, s’il n’écoute pas, après ce dernier avertissement, nous donnerons un mot d’ordre au peuple pour le faire partir », a-t-il déclaré devant des militants conquis.
En pleine contestations des résultats électoraux à l’issue de la présidentielle de 2011, Étienne Tshisekedi avait, lui, appelé à amèner Joseph Kabila « ligoté ». 5 ans plus tard, les Tshisekedi ne changent pas de ton.


Déclaré perdant à lissue de la présidentielle de 2011, Étienne Tshisekedi conteste les résultats et s’autoproclame président élu.

 

Prendre le leadership de l’opposition

Pour le numéro un du Rassemblement, C’est l’occasion de s’affirmer comme le leader incontesté d’une opposition déchirée. En montrant ses muscles par la rue et par le discours, il lance ainsi un message à la fois à ses camarades tentés par les propositions d’entrer au gouvernement Tshibala, mais aussi à Joseph Kabila qu’il y a toujours un capitaine à bord.

Un leadership d’un rejeton de Tshisekedi en pleine capitale est sans doute le scenario que le pouvoir ne souhaiterait pas voir naitre des cendres de l’opposant historique. Fief historique de l’opposition, Kinshasa reste un enjeu stratégique dans le duel que se livre le pouvoir et le Rassemblement. Elle serait beaucoup mieux, pour Joseph Kabila, sans un opposant de la trempe d’Étienne Tshisekedi que son fils cherche visiblement à incarner.