Experts de l'ONU, Kasaï

Le gouvernement de la République Démocratique du Congo a rendu publique lundi la vidéo de l’assassinat de deux experts de l’Onu Michael Sharp et Zaida Catalan tués en Mars dernier dans la région agitée du Kasaï.

Des images d’une rare violence qui démontrent le danger que représentent les auteurs de ce crime, « des terroristes qu’il faut éradiquer » comme l’a martelé le porte-parole du gouvernement Lambert Mende.

Du côté des Nations unies, la vidéo a été reçue avec effroi. Dans une déclaration à l’Afp, le porte-parole de l’Organisation Stéphane Dujarric reconnait tout de même l’authenticité de la vidéo tout en dénonçant une diffusion « traumatisante » pour les familles des victimes . Même si les interrogations demeurent.

« Nous allons leur donner le coup fatal »

Dans cette vidéo qui dure environs 6 minutes, les deux humanitaires sont conduits dans une brousse par 6 à 7 personnes, bandeau rouge autour de la tête, symbole de la milice Kamwina Nsapu. Visiblement à la recherche des fosses communes sur lesquelles les deux agents de l’ONU enquêtent. Michal Sharp et Zaida Catalan parlent en français avec un des miliciens présumés.

Mais tout bascule, lorsque, soudain, les deux experts onusiens sont priés de s’asseoir. Les hommes à bandeau rouge commencent alors à parler en Tshiluba, la langue parlée dans la région. Leur accent est villageois et ils deviennent peu rassurant.

« Évite de les pointer du doigt », chuchote la voix d’un assaillant. Puis, une deuxième voix ajoute : « nous allons leur donner le coup fatal…, le lance-roquette est déjà prêt », explique la voix de l’assaillant qui fait vraisemblablement référence à l’arme dont il s’apprête à faire usage.

Très vite, le premier tir retentit, Michael Sharp est à terre. Zaida Catalan tente de s’en fuir en vain. Elle est abattue de 3 balles.

« Nous sommes les enfants de Kamwina Nsapu, tous ceux qui viennent nous attaquer, leur sort c’est la mort », lance enfin une dernière voix toujours en Tshiluba. L’horrible scène est toujours filmée lorsque l’un des hommes décapite le cadavre de la jeune femme.

Comment alors, deux experts de l’ONU, enquêtant sur des massacres présumés des Kamwina Nsapu, sont-ils tués par ces derniers (si les meurtriers présents dans la vidéo appartiennent à la milice Kamwina Nsapu) ? Pourquoi filment-ils leur crime ? Dans quel intérêt ?

Les difficiles questions auxquelles l’ONU qui exige toujours une enquête internationale va devoir répondre.