Coltan, CEEC, Rwanda

Par Edmond Izuba

Accuser le Rwanda d’exploiter illégalement les matières premières en RDC n’est pas nouveau. Avec preuves à l’appui, ça, c’est tout autre chose. C’est ce que fait le Centre d’expertise, d’évaluation et certification des substances minérales, précieuses et semi-précieuses (CEEC) opérant au Nord-Kivu. Selon son président, qui s’est confié en exclusivité à CAS-INFO, ces pratiques illicites ont même des proportions inquiétantes.

« La fraude a atteint son paroxysme ». Daniel Mbayo ne s’exprime même plus au conditionnel lorsqu’il évoque ce qu’il qualifie de « convoitise » du Rwanda vis-à-vis des ressources naturelles en RDC. Alors que la campagne lancée par son établissement contre la fraude « qui s’opère nuit et jour dans la frontière Rwando-Congolaise », connait, déclare-t-il à votre site, un grand succès.




En effet, au moment même où sont abordées les questions de la gestion de la territoriale à Goma, en présence du chef de l’État Joseph Kabila, le CEEC, affirme son président, est tombé sur des documents compromettants contre Kigali. « Nous avons désormais des preuves que Kigali exploite le Coltan congolais. Nous sommes tombés sur les documents de traçabilité du Rwanda, les documents du tri, au Congo, avec les noms des exploitants rwandais », affirme M. Mbayo.

Sur ces documents dont CAS-INFO s’est procurée des copies, on peut voir mentionnée la quantité des minerais qui vont vers des sites portant mention Rwanda. « En dehors de papiers officiels, nous avons des véhicules saisis [destinés à cette tache », ajoute Daniel Mbayo.

Ci-dessous, les documents de preuves présentés par le CEEC

« Le vol passe par tous les moyens de transport, fluviaux, aériens, routiers, peu importe la qualité d’engins », dénonce Daniel Mbayo qui rappelle que son Centre qui est chargé de mettre fin aux conflits interminables qui opposent les opérateurs miniers trouve inconcevable le degré de la misère qui frappe de plein pied la population de ce coin de la RDC, alors qu’elle dispose d’un sous sol extrêmement riche.

« A côté de l’enrichissement illicite des pays voisins, il se cache une promiscuité inadmissible des populations dans ces endroits où sont extraites ces matières, ainsi que la quasi-inexistante des infrastructures routières, hospitalières, voire électriques. Nombreuses sont les complicités qui ont été démasquées, documents à l’appui », déplore encore Daniel Mbayo.

Le Rwanda a toujours rejeté les accusations sur son implication dans l’exploitation des ressources naturelles chez son grand voisin. Pas sûr que ces nouvelles allégations change la donne.